De situations stressantes en situations douloureuses, enfants et parents doivent apprendre et s’adapter. Non seulement dans la vie de tous les jours, face aux petits soucis du quotidien, mais également dans certains moments particulièrement compliqués. Parfois cela se réalise simplement et chacun parvient à retrouver ce dont il a besoin. Cependant, il arrive que cet équilibre soit mis à mal. C’est à ce moment précis que je rencontre Sélim et son papa.
Sélim, 6 ans, a été admis en chirurgie pour de multiples fractures ouvertes et déplacées à la jambe suite à une voiture qui est venue le percuter sur le trottoir, alors qu’il se promenait avec son papa. Le délabrement de la jambe a nécessité la mise en place d’un fixateur externe type Ilisarov qui impose une réfection des pansements sous anesthésie générale tous les deux jours. Mon collègue, quinze ans d’expérience pédiatrique, m’explique que l’induction d’anesthésie et le réveil ont été catastrophiques lors du premier pansement. Lorsque les portes du bloc s’ouvrent, des hurlements me parviennent.
- Sélim : « Papa, ne les laisse pas me faire du mal !
- Père : Non mon fils, je ne les laisserai pas te faire du mal. Je suis abasourdie par ce que je découvre.
- Sélim : Papa, ne les laisse pas me faire du mal !
- Père : Non mon fils, je ne les laisserai pas te faire du mal. »
La litanie se poursuit en boucle et le papa fait barrage de son corps en s’allongeant sur son fils dans un geste désespéré de protection. Chacune de mes tentatives pour atteindre Sélim se solde par un échec. Les hurlements perdurent et le papa désespéré ne parvient plus à rassurer son fils. Comme Sélim reste inaccessible, je feins le désintérêt, me tourne vers le papa et lui demande.
- Thérapeute : « Papa, combien vous avez à la force ? Il me regarde surpris en secouant la tête. Sélim a cessé de crier et ne perd rien de notre échange.
- Th. : A 10 vous êtes fort comme Iron Man et à 0 vous n’avez rien dans les bras. Le papa semble de plus en plus surpris et c’est Sélim qui pour la première fois s’adresse à moi.
- Sélim :Mon papa, il a 10 sur 10 à la force, car il est fort comme Iron Man. Je pousse un soupir de soulagement. Bien que donnant l’impression de parler à l’adulte, c’est à l’enfant que mon discours s’adresse. Raison pour laquelle le vocabulaire utilisé est enfantin.
- Th. : Ouf ! Papa, comme vous avez 10 sur 10 à la force, alors je vais vous demander de bien vouloir remonter la fermeture de votre veste s’il vous plaît, jusqu’en haut. Il s’exécute, ne comprenant pas ou je veux en venir. Comme ça la force va rester dans la veste et lorsque nous partirons avec Sélim tout à l’heure au bloc (présupposé et anticipation), nous prendrons la veste pleine de force et nous l’entourerons autour du bras de Sélim. Et lorsque Sélim mettra le masque seul devant son nez, alors la force passera de la veste directement dans le masque et se diffusera partout. Pendant ce temps le docteur fera ce qu’il faut et quand tout est terminé Sélim se réveille tranquillement, confortablement dans la veste et demande à la dame de la salle de réveil pour regagner sa chambre. » Utilisation du présent, saupoudrage et projection après le bloc.
Cette longue explication volontairement détaillée, permet à chacun de retrouver son calme. Je demande au papa s’il est d’accord pour donner sa force et s’il veut bien nous laisser sa veste (truismes, séquence d’acceptation et validation du yes set). Pendant que le papa enlève sa veste, je me retourne vers Sélim afin de poursuivre la séquence d’acceptation.
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Sélim, 6 ans, a été admis en chirurgie pour de multiples fractures ouvertes et déplacées à la jambe suite à une voiture qui est venue le percuter sur le trottoir, alors qu’il se promenait avec son papa. Le délabrement de la jambe a nécessité la mise en place d’un fixateur externe type Ilisarov qui impose une réfection des pansements sous anesthésie générale tous les deux jours. Mon collègue, quinze ans d’expérience pédiatrique, m’explique que l’induction d’anesthésie et le réveil ont été catastrophiques lors du premier pansement. Lorsque les portes du bloc s’ouvrent, des hurlements me parviennent.
- Sélim : « Papa, ne les laisse pas me faire du mal !
- Père : Non mon fils, je ne les laisserai pas te faire du mal. Je suis abasourdie par ce que je découvre.
- Sélim : Papa, ne les laisse pas me faire du mal !
- Père : Non mon fils, je ne les laisserai pas te faire du mal. »
La litanie se poursuit en boucle et le papa fait barrage de son corps en s’allongeant sur son fils dans un geste désespéré de protection. Chacune de mes tentatives pour atteindre Sélim se solde par un échec. Les hurlements perdurent et le papa désespéré ne parvient plus à rassurer son fils. Comme Sélim reste inaccessible, je feins le désintérêt, me tourne vers le papa et lui demande.
- Thérapeute : « Papa, combien vous avez à la force ? Il me regarde surpris en secouant la tête. Sélim a cessé de crier et ne perd rien de notre échange.
- Th. : A 10 vous êtes fort comme Iron Man et à 0 vous n’avez rien dans les bras. Le papa semble de plus en plus surpris et c’est Sélim qui pour la première fois s’adresse à moi.
- Sélim :Mon papa, il a 10 sur 10 à la force, car il est fort comme Iron Man. Je pousse un soupir de soulagement. Bien que donnant l’impression de parler à l’adulte, c’est à l’enfant que mon discours s’adresse. Raison pour laquelle le vocabulaire utilisé est enfantin.
- Th. : Ouf ! Papa, comme vous avez 10 sur 10 à la force, alors je vais vous demander de bien vouloir remonter la fermeture de votre veste s’il vous plaît, jusqu’en haut. Il s’exécute, ne comprenant pas ou je veux en venir. Comme ça la force va rester dans la veste et lorsque nous partirons avec Sélim tout à l’heure au bloc (présupposé et anticipation), nous prendrons la veste pleine de force et nous l’entourerons autour du bras de Sélim. Et lorsque Sélim mettra le masque seul devant son nez, alors la force passera de la veste directement dans le masque et se diffusera partout. Pendant ce temps le docteur fera ce qu’il faut et quand tout est terminé Sélim se réveille tranquillement, confortablement dans la veste et demande à la dame de la salle de réveil pour regagner sa chambre. » Utilisation du présent, saupoudrage et projection après le bloc.
Cette longue explication volontairement détaillée, permet à chacun de retrouver son calme. Je demande au papa s’il est d’accord pour donner sa force et s’il veut bien nous laisser sa veste (truismes, séquence d’acceptation et validation du yes set). Pendant que le papa enlève sa veste, je me retourne vers Sélim afin de poursuivre la séquence d’acceptation.
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RACHEL REY
Infirmière anesthésiste en pédiatrie au CHU de Nancy depuis 2004. Accompagne les enfants avec l’hypnose en pré, per et post-opératoire. Intervenante à l’école d’IADE pour la prise en charge du nourrisson et de l’enfant. Diplôme universitaire des techniques d’épuration extrarénale à Strasbourg. Formation hypnose médicale et hypno-analgésie à l’IFH, …..