L'Hypnose pour la gestion de la douleur chronique.
Nos amies assurant la formation Hypnose Médicale à Bordeaux avec Hypnose 33 EBE, ont interrogé le Pr Mark JENSEN à l'occasion de sa venue prochaine au Forum de la CFHTB Confédération Francophone d’Hypnose et de Thérapies Brèves en Mai 2024.
Mark JENSEN, dont la quête est de libérer les patients de leurs douleurs chroniques, d'alléger la souffrance dans le monde, est PhD. Professeur, Chercheur et vice-président de la recherche au Département de médecine de réadaptation de l’université Washington School of Medicine, Seattle, Washington (Etats-Unis).
Il a siégé au conseil d’administration de la Société internationale d’hypnose pendant sept ans et est l’actuel président désigné de la Société. Auteur de dix livres, de plus de 35 chapitres et plus de 550 articles dans des revues scientifiques à comité de lecture. Son manuel pour les cliniciens, Hypnosis for Chronic Pain Management, publié en 2011 par Oxford University Press, a remporté le prix Arthur Shapiro du meilleur livre sur l’hypnose de la Society of Clinical and Experimental Hypnosis.
- Bonjour je m'appelle Mark JENSEN, je suis professeur de médecine de réadaptation fonctionnelle à l'université de Washington à Seattle et j'étudie la douleur chronique. Mon programme de recherche, actif depuis plus de 30 ans, vise à comprendre comment traiter la douleur chronique et les mécanismes qui sous-tendent les traitements dont nous disposons pour la douleur chronique.
La plupart de mes recherches portent sur l'hypnose, simplement c'est la méthode la plus efficace et la plus intéressante à étudier pour moi, et je mène donc des essais cliniques pour évaluer son efficacité pour déterminer comment il est possible que l'hypnose fonctionne, et pour qui elle fonctionne.
Je passe donc une grande partie de mon temps à rédiger des demandes de subventions, des articles, des livres et à mettre en place des expériences vérifiant nos hypothèses.
- Merci beaucoup c'est parfait. Maintenant cette Masterclass elle est vous parler pendant près de 3 heures ? Comment prévoyez-vous de structurer cette Masterclass ? Avez-vous une idée ?
Oui, l'objectif de la Masterclass est de donner aux participants une compréhension de base de la douleur, de la façon dont le cerveau et le corps travaillent ensemble pour créer l'expérience de la douleur et de quelles preuves nous disposons pour affirmer l'impact de l'hypnose sur ces différents processus ?
Il s'avère qu'il n'y a pas de centre de la douleur dans le cerveau.
Pour ressentir la douleur, le cerveau rassemble des informations provenant de tout le corps, dont des informations sur les expériences douloureuses du passé. Il traite ses informations et prend ensuite une décision. La personne risque-t-elle de subir des lésions physiques ?
Si le cerveau estime que la personne est susceptible de subir des lésions physiques le cerveau créé une douleur pour l'en protéger.
La douleur n'est pas un signal. Ce n'est pas quelque chose que nous ressentons. C'est quelque chose que nous créons. Tout comme nous créons de l'anxiété pour nous protéger, pour nous mettre dans un état où nous sommes prêts à nous protéger. Étant donné que le cerveau crée la douleur, tout traitement, tout ce qui affecte le cerveau, peut affecter notre expérience de la douleur.
Dans la première moitié de l'atelier, j'expliquerai ces processus et je passerai en revue les preuves de l'effet de l'hypnose sur chacun de ces processus. Sur cette base, nous pourrons développer des suggestions hypnotiques qui se concentreront sur chacun de ces processus.
Lire la totalité de l'interview
Mark JENSEN, dont la quête est de libérer les patients de leurs douleurs chroniques, d'alléger la souffrance dans le monde, est PhD. Professeur, Chercheur et vice-président de la recherche au Département de médecine de réadaptation de l’université Washington School of Medicine, Seattle, Washington (Etats-Unis).
Il a siégé au conseil d’administration de la Société internationale d’hypnose pendant sept ans et est l’actuel président désigné de la Société. Auteur de dix livres, de plus de 35 chapitres et plus de 550 articles dans des revues scientifiques à comité de lecture. Son manuel pour les cliniciens, Hypnosis for Chronic Pain Management, publié en 2011 par Oxford University Press, a remporté le prix Arthur Shapiro du meilleur livre sur l’hypnose de la Society of Clinical and Experimental Hypnosis.
- Bonjour je m'appelle Mark JENSEN, je suis professeur de médecine de réadaptation fonctionnelle à l'université de Washington à Seattle et j'étudie la douleur chronique. Mon programme de recherche, actif depuis plus de 30 ans, vise à comprendre comment traiter la douleur chronique et les mécanismes qui sous-tendent les traitements dont nous disposons pour la douleur chronique.
La plupart de mes recherches portent sur l'hypnose, simplement c'est la méthode la plus efficace et la plus intéressante à étudier pour moi, et je mène donc des essais cliniques pour évaluer son efficacité pour déterminer comment il est possible que l'hypnose fonctionne, et pour qui elle fonctionne.
Je passe donc une grande partie de mon temps à rédiger des demandes de subventions, des articles, des livres et à mettre en place des expériences vérifiant nos hypothèses.
- Merci beaucoup c'est parfait. Maintenant cette Masterclass elle est vous parler pendant près de 3 heures ? Comment prévoyez-vous de structurer cette Masterclass ? Avez-vous une idée ?
Oui, l'objectif de la Masterclass est de donner aux participants une compréhension de base de la douleur, de la façon dont le cerveau et le corps travaillent ensemble pour créer l'expérience de la douleur et de quelles preuves nous disposons pour affirmer l'impact de l'hypnose sur ces différents processus ?
Il s'avère qu'il n'y a pas de centre de la douleur dans le cerveau.
Pour ressentir la douleur, le cerveau rassemble des informations provenant de tout le corps, dont des informations sur les expériences douloureuses du passé. Il traite ses informations et prend ensuite une décision. La personne risque-t-elle de subir des lésions physiques ?
Si le cerveau estime que la personne est susceptible de subir des lésions physiques le cerveau créé une douleur pour l'en protéger.
La douleur n'est pas un signal. Ce n'est pas quelque chose que nous ressentons. C'est quelque chose que nous créons. Tout comme nous créons de l'anxiété pour nous protéger, pour nous mettre dans un état où nous sommes prêts à nous protéger. Étant donné que le cerveau crée la douleur, tout traitement, tout ce qui affecte le cerveau, peut affecter notre expérience de la douleur.
Dans la première moitié de l'atelier, j'expliquerai ces processus et je passerai en revue les preuves de l'effet de l'hypnose sur chacun de ces processus. Sur cette base, nous pourrons développer des suggestions hypnotiques qui se concentreront sur chacun de ces processus.
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Mark P. Jensen interviewé par Gérard FITOUSSI pour la Revue Hypnose et Thérapies Brèves.
Pouvez-vous nous donner quelques informations biographiques ?
Mark P. Jensen : Mon arrière-grand-père, arrivé aux Etats-Unis en 1864, est originaire du nord de l’Allemagne et la famille de ma mère du Royaume-Uni. J’ai grandi dans le nord-ouest pacifique des Etats-Unis, qui est l’un des plus beaux endroits du monde.
Quels sont vos loisirs ?
Je suis peut-être un peu gêné de dire que mon passe-temps préféré est... mon travail. Quand j’ai du temps « libre », j’aime écrire des articles, des chapitres et des livres. J’aime voyager, présenter des exposés et animer des ateliers sur l’utilisation de l’hypnose pour le changement de comportement et la gestion de la douleur.
Et vos études universitaires ?
Lors de mes études au début des années 1980, il était dit que l’hypnose ne pouvait pas vraiment être efficace contre la douleur chronique. Paul Karoly, mon professeur à l’époque, m’a dit qu’il étudiait « la psychologie de la santé ». J’ai commencé à étudier la douleur et sa gestion presque dès le début. J’ai obtenu un poste de professeur au Département de médecine de réadaptation de l’université de Washington, où j’ai travaillé comme psychologue au centre multidisciplinaire de la douleur. J’y suis toujours à ce jour.
Quelle a été votre première rencontre avec l’hypnose ?
Ma toute première rencontre avec l’hypnose a été un livre du poète et romancier Reynolds Price, A Whole New Life. Il y décrit la survenue d’une douleur chronique après une radiothérapie pour un cancer et la façon dont la douleur prend le dessus sur sa vie et le rend incapable de fonctionner. Il évoque comment, avec l’autohypnose, il a été capable de la mettre de côté.
Où avez-vous été formé ?
Joseph Barber vivait à Seattle. Je l’ai rencontré et j’ai pu apprendre auprès de lui. Je lui serai éternellement reconnaissant ainsi qu’à David Patterson. J’ai également été inspiré par de nombreux collègues et notamment des membres du conseil d’administration passé et actuel de l’International Society for Hypnosis : Bernhard Trenkle, Julie Linden, Camillo Loriedo, Claude Virot, Enayatollah Shahidi , Woltemade Hartman, Giuseppe De Benedittis, Brian Allen, Cecilia Fabre, Xin Fang, Krzysztof Klajs, Katalin Varga, Nicole Ruysschaert et Consuelo Casula.
Quels sont les livres qui ont été importants pour vous ?
Je dirai en premiers : Hypnosis and Suggestion in the Treatment of Pain: A clinician’s guide, de Joseph Barber ; et Hypnosis for the Seriously Curious, de Kenneth S. Bowers. J’ajouterai : Les oeuvres de Milton H. Erickson, mais aussi Trancework de Michael D. Yapko, 101 choses que j’aurais aimé savoir quand j’ai commencé à pratiquer l’hypnose, par Dabney M. Ewin, Interventions MiniMax, par Manfred Prior. Il manquait à l’époque un livre de base pour l’application de l’hypnose dans le traitement de la douleur chronique. J’ai donc écrit le livre que j’aurais aimé avoir, Hypnosis for Chronic Pain Management: Therapist guide.
Qu’est-ce qui vous a incité à entrer dans le monde de la recherche ?
La recherche est disons... amusante. Je suis une personne très curieuse et la recherche me permet de répondre de manière structurée à des questions importantes qui m’intéressent beaucoup, telles que : qui bénéficie le plus de l’hypnose par rapport aux autres traitements et de quelle manière ? quels sont les mécanismes qui sous-tendent les effets bénéfiques de l’hypnose ? comment pouvons-nous utiliser ces connaissances pour rendre l’hypnose encore plus utile pour plus de gens ?... Et je crois que les réponses à ces questions peuvent faire une réelle différence dans la vie des gens. Je pense qu’en comprenant davantage ces effets bénéfiques et les mécanismes qui les sous-tendent (c’est-à-dire que les effets de l’hypnose sur la douleur sont basés sur la biologie et non sur la magie), plus de cliniciens voudront apprendre l’hypnose pour aider leurs clients et patients, et davantage de clients et de patients voudront rechercher des cliniciens qui savent comment aider leurs patients souffrant de douleur chronique. En conséquence, il y aura moins de souffrance dans le monde. Et c’est mon objectif principal et numéro un. C’est pourquoi je fais ce travail.
Devrions-nous utiliser l’hypnose toujours en combinaison avec d’autres approches ?
Oui ! L’hypnose et les approches hypnotiques peuvent rendre tous les autres traitements plus efficaces. L’hypnose est plus une façon d’être avec les patients et une façon d’utiliser le langage pour faciliter le changement qu’un traitement autonome.
Comment s’insère l’hypnose dans les centaines de thérapies existantes ?
Je pourrais dire qu’il existe des millions de thérapies différentes, parce que chaque clinicien adapte alors (idéalement) ce qu’il sait pour créer une approche entièrement nouvelle pour chaque patient. Il est probablement encore plus juste de dire qu’il existe des milliards de thérapies, des millions étant inventées chaque jour.
Que vous apportent toutes vos nombreuses activités ?
Beaucoup de satisfaction. Nous savons que le bonheur personnel vient de trois types d’activités : le plaisir hédoniste (par exemple, un bon repas, un bon vin, une bonne blague), des activités « fluides » (par exemple, jouer ou écouter de la musique, des passe-temps où l’on se perd comme la danse de salon), et des activités ayant du sens (par exemple, des activités qui contribuent à la communauté pour rendre le monde meilleur). Les gens qui se limitent à un ou deux de ces types d’activités ne sont pas aussi heureux que ceux qui se livrent aux trois. Et des trois, la création de sens est la plus puissante. C’est pourquoi mon « travail » est mon passe-temps principal. J’obtiens beaucoup de satisfaction et de bonheur à le faire.
Quelle est votre vision du futur de l’hypnose aux Etats-Unis ?
A mon avis, l’hypnose clinique n’est toujours pas suffisamment acceptée aux Etats-Unis dans l’ensemble. Dans les hôpitaux, l’hypnose pour la gestion des symptômes (par exemple, les soins postopératoires, l’anxiété procédurale et la gestion de la douleur) n’est pas encore proposée systématiquement. Cela dit, il y a de bonnes nouvelles. Il y a trente ans, les National Institutes of Health (NIH) refusaient de financer la recherche sur l’hypnose. Aujourd’hui, en raison de la disponibilité du financement, mais aussi de l’intérêt pour les approches non pharmacologiques, il y a une augmentation de la recherche sur l’hypnose ces deux dernières décennies. L’Administration des anciens combattants (AC) aux Etats-Unis exige désormais que les vétérans puissent bénéficier d’un traitement d’hypnose. Les cliniciens des hôpitaux de l’Administration des AC pourront bientôt apprendre à utiliser l’hypnose dans leur pratique. Je pense donc qu’il y a eu des progrès. Quant à la recherche, nous n’avons que trois laboratoires aux Etats-Unis qui se concentrent sur la recherche sur l’hypnose : celui de Gary R. Elkins à l’université Baylor au Texas, celui de Guy Montgomery à l’hôpital Mount Sinai de New York, et le mien à l’université de Washington.
Quels sont les défis auxquels l’hypnose sera confrontée dans les années à venir ?
Le défi numéro un est la nécessité d’augmenter l’accès des patients à des traitements hypnotiques efficaces. A mon avis, tous les professionnels de santé, y compris les infirmières, les physiothérapeutes et les ergothérapeutes, et pas seulement les médecins, les psychologues et les dentistes, devraient être formés à l’utilisation de l’hypnose et à des techniques hypnotiques. Bien entendu, à des fins éthiques, ils ne devraient utiliser l’hypnose que pour traiter les affections et les symptômes qui entrent dans le cadre de leur pratique. Personne ne devrait utiliser l’hypnose pour traiter une condition à laquelle il n’est pas formé ou autorisé à traiter sans hypnose.
Un dernier mot pour notre public francophone ?
Je suppose que ce mot serait « merci ! ». La France et les Français sont depuis longtemps partisans de l’hypnose et ont largement contribué à l’évolution de ce domaine. Le tout premier Congrès mondial sur le sujet s’est tenu à Paris. Charcot, Bernheim et Liébeault étaient présents, tout comme un très jeune et impressionnable Freud. Le Congrès mondial de l’ISH à Paris en 2015, organisé par Claude Virot, a été l’un des plus réussis, en grande partie grâce au soutien de la communauté hypnotique en France. Une recherche d’articles sur l’hypnose ces cinq dernières années par des cliniciens et scientifiques français a permis d’identifier plus de cent articles ! Par exemple, Nicolas Fusco de Rennes, Maxime Billot de Limoges, Marie Jaouen ou encore Anne-Solveig Touzé. Je ne pense pas qu’un autre pays contribue autant à notre compréhension scientifique de l’hypnose et de ses effets bénéfiques sur les résultats cliniques que la France. Ce niveau élevé de productivité ne serait pas possible sans le soutien général de la part de toute la communauté hypnotique. Donc, encore une fois, un grand merci à tous mes collègues de France !
Merci beaucoup à vous Mark !
Mark P. Jensen : Mon arrière-grand-père, arrivé aux Etats-Unis en 1864, est originaire du nord de l’Allemagne et la famille de ma mère du Royaume-Uni. J’ai grandi dans le nord-ouest pacifique des Etats-Unis, qui est l’un des plus beaux endroits du monde.
Quels sont vos loisirs ?
Je suis peut-être un peu gêné de dire que mon passe-temps préféré est... mon travail. Quand j’ai du temps « libre », j’aime écrire des articles, des chapitres et des livres. J’aime voyager, présenter des exposés et animer des ateliers sur l’utilisation de l’hypnose pour le changement de comportement et la gestion de la douleur.
Et vos études universitaires ?
Lors de mes études au début des années 1980, il était dit que l’hypnose ne pouvait pas vraiment être efficace contre la douleur chronique. Paul Karoly, mon professeur à l’époque, m’a dit qu’il étudiait « la psychologie de la santé ». J’ai commencé à étudier la douleur et sa gestion presque dès le début. J’ai obtenu un poste de professeur au Département de médecine de réadaptation de l’université de Washington, où j’ai travaillé comme psychologue au centre multidisciplinaire de la douleur. J’y suis toujours à ce jour.
Quelle a été votre première rencontre avec l’hypnose ?
Ma toute première rencontre avec l’hypnose a été un livre du poète et romancier Reynolds Price, A Whole New Life. Il y décrit la survenue d’une douleur chronique après une radiothérapie pour un cancer et la façon dont la douleur prend le dessus sur sa vie et le rend incapable de fonctionner. Il évoque comment, avec l’autohypnose, il a été capable de la mettre de côté.
Où avez-vous été formé ?
Joseph Barber vivait à Seattle. Je l’ai rencontré et j’ai pu apprendre auprès de lui. Je lui serai éternellement reconnaissant ainsi qu’à David Patterson. J’ai également été inspiré par de nombreux collègues et notamment des membres du conseil d’administration passé et actuel de l’International Society for Hypnosis : Bernhard Trenkle, Julie Linden, Camillo Loriedo, Claude Virot, Enayatollah Shahidi , Woltemade Hartman, Giuseppe De Benedittis, Brian Allen, Cecilia Fabre, Xin Fang, Krzysztof Klajs, Katalin Varga, Nicole Ruysschaert et Consuelo Casula.
Quels sont les livres qui ont été importants pour vous ?
Je dirai en premiers : Hypnosis and Suggestion in the Treatment of Pain: A clinician’s guide, de Joseph Barber ; et Hypnosis for the Seriously Curious, de Kenneth S. Bowers. J’ajouterai : Les oeuvres de Milton H. Erickson, mais aussi Trancework de Michael D. Yapko, 101 choses que j’aurais aimé savoir quand j’ai commencé à pratiquer l’hypnose, par Dabney M. Ewin, Interventions MiniMax, par Manfred Prior. Il manquait à l’époque un livre de base pour l’application de l’hypnose dans le traitement de la douleur chronique. J’ai donc écrit le livre que j’aurais aimé avoir, Hypnosis for Chronic Pain Management: Therapist guide.
Qu’est-ce qui vous a incité à entrer dans le monde de la recherche ?
La recherche est disons... amusante. Je suis une personne très curieuse et la recherche me permet de répondre de manière structurée à des questions importantes qui m’intéressent beaucoup, telles que : qui bénéficie le plus de l’hypnose par rapport aux autres traitements et de quelle manière ? quels sont les mécanismes qui sous-tendent les effets bénéfiques de l’hypnose ? comment pouvons-nous utiliser ces connaissances pour rendre l’hypnose encore plus utile pour plus de gens ?... Et je crois que les réponses à ces questions peuvent faire une réelle différence dans la vie des gens. Je pense qu’en comprenant davantage ces effets bénéfiques et les mécanismes qui les sous-tendent (c’est-à-dire que les effets de l’hypnose sur la douleur sont basés sur la biologie et non sur la magie), plus de cliniciens voudront apprendre l’hypnose pour aider leurs clients et patients, et davantage de clients et de patients voudront rechercher des cliniciens qui savent comment aider leurs patients souffrant de douleur chronique. En conséquence, il y aura moins de souffrance dans le monde. Et c’est mon objectif principal et numéro un. C’est pourquoi je fais ce travail.
Devrions-nous utiliser l’hypnose toujours en combinaison avec d’autres approches ?
Oui ! L’hypnose et les approches hypnotiques peuvent rendre tous les autres traitements plus efficaces. L’hypnose est plus une façon d’être avec les patients et une façon d’utiliser le langage pour faciliter le changement qu’un traitement autonome.
Comment s’insère l’hypnose dans les centaines de thérapies existantes ?
Je pourrais dire qu’il existe des millions de thérapies différentes, parce que chaque clinicien adapte alors (idéalement) ce qu’il sait pour créer une approche entièrement nouvelle pour chaque patient. Il est probablement encore plus juste de dire qu’il existe des milliards de thérapies, des millions étant inventées chaque jour.
Que vous apportent toutes vos nombreuses activités ?
Beaucoup de satisfaction. Nous savons que le bonheur personnel vient de trois types d’activités : le plaisir hédoniste (par exemple, un bon repas, un bon vin, une bonne blague), des activités « fluides » (par exemple, jouer ou écouter de la musique, des passe-temps où l’on se perd comme la danse de salon), et des activités ayant du sens (par exemple, des activités qui contribuent à la communauté pour rendre le monde meilleur). Les gens qui se limitent à un ou deux de ces types d’activités ne sont pas aussi heureux que ceux qui se livrent aux trois. Et des trois, la création de sens est la plus puissante. C’est pourquoi mon « travail » est mon passe-temps principal. J’obtiens beaucoup de satisfaction et de bonheur à le faire.
Quelle est votre vision du futur de l’hypnose aux Etats-Unis ?
A mon avis, l’hypnose clinique n’est toujours pas suffisamment acceptée aux Etats-Unis dans l’ensemble. Dans les hôpitaux, l’hypnose pour la gestion des symptômes (par exemple, les soins postopératoires, l’anxiété procédurale et la gestion de la douleur) n’est pas encore proposée systématiquement. Cela dit, il y a de bonnes nouvelles. Il y a trente ans, les National Institutes of Health (NIH) refusaient de financer la recherche sur l’hypnose. Aujourd’hui, en raison de la disponibilité du financement, mais aussi de l’intérêt pour les approches non pharmacologiques, il y a une augmentation de la recherche sur l’hypnose ces deux dernières décennies. L’Administration des anciens combattants (AC) aux Etats-Unis exige désormais que les vétérans puissent bénéficier d’un traitement d’hypnose. Les cliniciens des hôpitaux de l’Administration des AC pourront bientôt apprendre à utiliser l’hypnose dans leur pratique. Je pense donc qu’il y a eu des progrès. Quant à la recherche, nous n’avons que trois laboratoires aux Etats-Unis qui se concentrent sur la recherche sur l’hypnose : celui de Gary R. Elkins à l’université Baylor au Texas, celui de Guy Montgomery à l’hôpital Mount Sinai de New York, et le mien à l’université de Washington.
Quels sont les défis auxquels l’hypnose sera confrontée dans les années à venir ?
Le défi numéro un est la nécessité d’augmenter l’accès des patients à des traitements hypnotiques efficaces. A mon avis, tous les professionnels de santé, y compris les infirmières, les physiothérapeutes et les ergothérapeutes, et pas seulement les médecins, les psychologues et les dentistes, devraient être formés à l’utilisation de l’hypnose et à des techniques hypnotiques. Bien entendu, à des fins éthiques, ils ne devraient utiliser l’hypnose que pour traiter les affections et les symptômes qui entrent dans le cadre de leur pratique. Personne ne devrait utiliser l’hypnose pour traiter une condition à laquelle il n’est pas formé ou autorisé à traiter sans hypnose.
Un dernier mot pour notre public francophone ?
Je suppose que ce mot serait « merci ! ». La France et les Français sont depuis longtemps partisans de l’hypnose et ont largement contribué à l’évolution de ce domaine. Le tout premier Congrès mondial sur le sujet s’est tenu à Paris. Charcot, Bernheim et Liébeault étaient présents, tout comme un très jeune et impressionnable Freud. Le Congrès mondial de l’ISH à Paris en 2015, organisé par Claude Virot, a été l’un des plus réussis, en grande partie grâce au soutien de la communauté hypnotique en France. Une recherche d’articles sur l’hypnose ces cinq dernières années par des cliniciens et scientifiques français a permis d’identifier plus de cent articles ! Par exemple, Nicolas Fusco de Rennes, Maxime Billot de Limoges, Marie Jaouen ou encore Anne-Solveig Touzé. Je ne pense pas qu’un autre pays contribue autant à notre compréhension scientifique de l’hypnose et de ses effets bénéfiques sur les résultats cliniques que la France. Ce niveau élevé de productivité ne serait pas possible sans le soutien général de la part de toute la communauté hypnotique. Donc, encore une fois, un grand merci à tous mes collègues de France !
Merci beaucoup à vous Mark !
Atelier Hypnose et Thérapies Cognitive. Pr Mark Jensen au Congrès Hypnose Douleur 2016
Cet atelier donnera un aperçu des stratégies et des suggestions hypnotiques afin d’aider les individus à mieux gérer leurs pensées automatiques qui contribuent à leur fonction psychologique globale. Je commencerai par une brève présentation des résultats de recherche démontrant les effets bénéfiques de l’hypnose et de la thérapie cognitive afin de modifier les auto-suggestions.
Trois techniques de thérapie cognitive hypnotiques seront discutées et pris en modèle. Les participants seront encouragés à pratiquer ces stratégies au cours de l’atelier. Celui-ci se terminera par une discussion sur la façon dont les participants pourraient mieux intégrer ces approches dans leur pratique.
Trois techniques de thérapie cognitive hypnotiques seront discutées et pris en modèle. Les participants seront encouragés à pratiquer ces stratégies au cours de l’atelier. Celui-ci se terminera par une discussion sur la façon dont les participants pourraient mieux intégrer ces approches dans leur pratique.
L'Hypnose pour la gestion de la douleur chronique. Masterclass Mark Jensen. 13ème Forum de la Confédération Francophone d'Hypnose et Thérapies Brèves à Bordeaux.
Toute l'Equipe du CHTIP Collège d'Hypnose et thérapies Intégratives de Paris, IN-DOLORE, France EMDR - IMO sera présente à cette Masterclass et au Congrès de Bordeaux et nos élèves pourront bénéficier des dernières approches en Formation EMDR - IMO et Douleur Chronique.