1. LIMITES DE LA MÉDICALISATION DES MAUX DE DOS
Le plus souvent, cela commence par une consultation avec son médecin généraliste. Celui-ci décide de prescrire une radio. Un diagnostic différentiel est fait afin d’écarter les choses sérieuses, les douleurs projetées ainsi que les troubles de la statique significatifs. Dans un premier temps, comme toujours, ce « diagnostic » posé de lombalgies va apporter un soulagement : « je sais enfin ce que j’ai », mais dans un second temps, et particulièrement si le sujet est de nature anxieuse, un processus potentiellement délétère s’enclenche. D’abord le « diagnostic » n’en est pas vraiment un. Il décrit la réalité de symptômes fonctionnels – ce qui n’est pas rien – mais cela nous parle souvent de bien d’autres choses.
Les commentaires radiologiques font état d’écarts vis-à-vis d’une norme biomécanique qui, par définition, est établie à partir de moyenne statistique, or personne n’est une moyenne statistique... Selon notre hérédité, notre culture, notre âge, nos gestes professionnels ou sportifs, nos déficiences innées ou acquises, notre préférence motrice, il existe des différences, une histoire, et heureusement toutes ne sont pas pathologiques.
Dans cette hypothèse comment feraient nos athlètes handisports ? Faut-il rappeler que le « pied africain » est naturellement plat et parfaitement adapté, alors que pour les Occidentaux c’était un motif de réforme au service militaire ? Les coureurs de fond kenyans, les meilleurs dans cette discipline, courent pieds nus, quand nos joggeurs amateurs ne peuvent envisager leurs foulées sans les dernières chaussures « techniques »... C’est dans ces circonstances que ces maux de dos seront « médicalisés ». Cette étiquette de lombalgique chez un sujet plutôt anxieux réunira tous les ingrédients pour constituer le « problème ». Sur le plan physiologique, le fait de rester immobile concentre les pressions importantes sur de petites surfaces vertébrales (corps vertébraux) et intervertébrales (disques, ligaments). Cette situation va générer un début de micro-ischémie. Le signal douloureux ressenti par le patient est émis à partir de cette zone qui, par la contrainte prolongée, est insuffisamment vascularisée. Et sauf pathologies avérées évoquées plus haut, le simple changement de position libère la pression, le sang reflue, la douleur disparaît quasi instantanément.
Pour les personnes pour qui le terme « lombalgique » est devenu une nouvelle identité, les choses se passent différemment... En auto-observation quasi permanente, ils vont guetter les moindres signaux et de manière insidieuse créer les conditions de ce qu’ils redoutaient (prophétie autoréalisatrice). En effet, on observe le fonctionnement d’une sorte de boucle rétroactive dans laquelle on ne peut définir si l’hypervigilance à sa posture est la cause ou la conséquence de son hypersensibilité à la douleur. Le système s’auto-alimentant va décupler sans fin ces manifestations. La douleur comme système de protection contre un risque de lésion est ici biaisée. Son exacerbation rend l’information non pertinente, un peu comme ces alarmes de voiture qui se déclenchent de manière intempestive sans qu’il y ait de risque véritable. En fait « l’information » est décorrélée de la réalité d’une lésion. On reconnaîtra là les caractéristiques de la dissociation avec ces quatre axes :
• L’axe mental se caractérise par des ruminations, des pensées obsédantes, des cauchemars récurrents.
• L’axe relationnel (autonomie relationnelle) est caractérisé par une insécurité relationnelle qui évolue entre deux pôles : l’abandonnique (autonomie sans la relation, isolement relationnel volontaire) et la maltraitance (relation sans l’autonomie) (2).
• L’axe comportemental, avec des gestes automatiques et des métaphores du type « c’est plus fort que moi », le sentiment d’être agi par un tiers.
• L’axe corporel : contractures musculaires, troubles du tonus musculaire (hypotonie, hypertonie), troubles moteurs, respiration courte, troubles de la sensibilité (paresthésies).
Pour les professionnels de rééducation, les motifs de consultation sont essentiellement orientés sur la dimension corporelle, du moins en première intention. Un effort particulier sera exigé pour identifier les signes sur les quatre axes afin de confirmer la qualification de dissociation. Prévu à l’origine pour des professionnels de la psy, les outils de l’hypnose et les thérapies brèves demandent une transposition de ces « principes actifs » dans nos pratiques professionnelles quotidiennes. C’est à cela que je me suis attaché avec l’accompagnement hypno-postural. En tant que rééducateur hospitalier et podologue orthésiste libéral, je suis confronté comme d’autres professionnels de santé à ces phénomènes dissociatifs plus ou moins sévères. Si le motif de la consultation est presque toujours corporel, l’origine de la douleur n’est pas nécessairement physique. Les algoneurodystrophies, les fibromyalgies, les chutes à répétition chez des personnes âgées ou les lombalgies chroniques sont, de ce point de vue, assez éloquentes. Ces patients ne vont pas spontanément voir un psy.
2. LE TRAVAIL AVEC LE SWISS (HYPNO) BALL
Lorsque l’on souffre du dos, on constate deux phénomènes délétères interdépendants : le déconditionnement à l’effort, et la fonte musculaire des muscles profonds.
• Le déconditionnement à l’effort Si « ne plus bouger » est investi comme « la solution », très vite cette « tentative de solution va devenir le problème » (3) à cause de la fonte musculaire des muscles spinaux qu’elle génère. De la tonicité de ces derniers dépend la solidité du dos. Alors il m’a fallu réfléchir à des exercices adaptés, qui combinaient à la fois un retour à une forme progressive d’activité physique, et en même temps trouver un moyen hypnotique de ré-étalonner ces perceptions sensorielles aberrantes, en d’autres termes un moyen pour réassocier l’ensemble.
• Le renforcement musculaire avec le swiss (hypno) ball L’intérêt de ce support est son caractère ludique, souple, instable, idéal pour stimuler les processus d’équilibration, pour le renforcement musculaire des muscles profonds, etc. Son caractère populaire, présent dans beaucoup de foyers, en font un atout supplémentaire. Dans ma pratique quotidienne de ces exercices, mon attention a tout de suite été attirée par le caractère hypnotique notamment des rotations. Assis en équilibre sur le ballon, le sujet décrit des cercles dans un sens et dans l’autre. Tout en réalisant ces « tours », je remarque un son, proche d’un grincement sourd, associé à des vibrations, et qui correspond au frottement du ballon sur le sol. J’observe que si mes ronds sont exécutés harmonieusement en rythme, le son se transforme en une sorte de « chant vibratoire » rythmique, proche de celui des chats lors qu’ils ronronnent. (On notera le potentiel métaphorique de l’utilisation sensorielle de cette caractéristique.) Mieux, en calant mes mouvements circulaires sur ce chant vibratoire, mes cercles deviennent plus harmonieux, plus fluides, plus libres et paradoxale ment plus contrôlés.
Il y a donc une synergie entre la régularité de mes « ronds » (tant sur le plan rythmique que physique) et le son que ce « chant » produit. Ce chant est l’exact reflet sonore de la régularité de mes rotations mais aussi de mes sensations corporelles. L’ensemble est donc au sens propre à l’unisson, et d’une certaine manière il n’y a plus qu’à se laisser porter pour être « transporté ». En acceptant d’entrer dans cette expérience, très vite j’ai constaté que les notions d’intérieur/ extérieur comme le temps et l’espace n’avaient plus de réalité, « comme si » on était entré en résonance avec quelque chose qu’il appartient à chacun de nommer. En pratique, le thérapeute et le patient sont chacun assis sur un ballon. Les pieds sont nus sur le sol pour assurer l’équilibre et le contrôle des rotations, dans une tenue qui n’entrave pas les mouvements.
Pour lire la suite...
Le plus souvent, cela commence par une consultation avec son médecin généraliste. Celui-ci décide de prescrire une radio. Un diagnostic différentiel est fait afin d’écarter les choses sérieuses, les douleurs projetées ainsi que les troubles de la statique significatifs. Dans un premier temps, comme toujours, ce « diagnostic » posé de lombalgies va apporter un soulagement : « je sais enfin ce que j’ai », mais dans un second temps, et particulièrement si le sujet est de nature anxieuse, un processus potentiellement délétère s’enclenche. D’abord le « diagnostic » n’en est pas vraiment un. Il décrit la réalité de symptômes fonctionnels – ce qui n’est pas rien – mais cela nous parle souvent de bien d’autres choses.
Les commentaires radiologiques font état d’écarts vis-à-vis d’une norme biomécanique qui, par définition, est établie à partir de moyenne statistique, or personne n’est une moyenne statistique... Selon notre hérédité, notre culture, notre âge, nos gestes professionnels ou sportifs, nos déficiences innées ou acquises, notre préférence motrice, il existe des différences, une histoire, et heureusement toutes ne sont pas pathologiques.
Dans cette hypothèse comment feraient nos athlètes handisports ? Faut-il rappeler que le « pied africain » est naturellement plat et parfaitement adapté, alors que pour les Occidentaux c’était un motif de réforme au service militaire ? Les coureurs de fond kenyans, les meilleurs dans cette discipline, courent pieds nus, quand nos joggeurs amateurs ne peuvent envisager leurs foulées sans les dernières chaussures « techniques »... C’est dans ces circonstances que ces maux de dos seront « médicalisés ». Cette étiquette de lombalgique chez un sujet plutôt anxieux réunira tous les ingrédients pour constituer le « problème ». Sur le plan physiologique, le fait de rester immobile concentre les pressions importantes sur de petites surfaces vertébrales (corps vertébraux) et intervertébrales (disques, ligaments). Cette situation va générer un début de micro-ischémie. Le signal douloureux ressenti par le patient est émis à partir de cette zone qui, par la contrainte prolongée, est insuffisamment vascularisée. Et sauf pathologies avérées évoquées plus haut, le simple changement de position libère la pression, le sang reflue, la douleur disparaît quasi instantanément.
Pour les personnes pour qui le terme « lombalgique » est devenu une nouvelle identité, les choses se passent différemment... En auto-observation quasi permanente, ils vont guetter les moindres signaux et de manière insidieuse créer les conditions de ce qu’ils redoutaient (prophétie autoréalisatrice). En effet, on observe le fonctionnement d’une sorte de boucle rétroactive dans laquelle on ne peut définir si l’hypervigilance à sa posture est la cause ou la conséquence de son hypersensibilité à la douleur. Le système s’auto-alimentant va décupler sans fin ces manifestations. La douleur comme système de protection contre un risque de lésion est ici biaisée. Son exacerbation rend l’information non pertinente, un peu comme ces alarmes de voiture qui se déclenchent de manière intempestive sans qu’il y ait de risque véritable. En fait « l’information » est décorrélée de la réalité d’une lésion. On reconnaîtra là les caractéristiques de la dissociation avec ces quatre axes :
• L’axe mental se caractérise par des ruminations, des pensées obsédantes, des cauchemars récurrents.
• L’axe relationnel (autonomie relationnelle) est caractérisé par une insécurité relationnelle qui évolue entre deux pôles : l’abandonnique (autonomie sans la relation, isolement relationnel volontaire) et la maltraitance (relation sans l’autonomie) (2).
• L’axe comportemental, avec des gestes automatiques et des métaphores du type « c’est plus fort que moi », le sentiment d’être agi par un tiers.
• L’axe corporel : contractures musculaires, troubles du tonus musculaire (hypotonie, hypertonie), troubles moteurs, respiration courte, troubles de la sensibilité (paresthésies).
Pour les professionnels de rééducation, les motifs de consultation sont essentiellement orientés sur la dimension corporelle, du moins en première intention. Un effort particulier sera exigé pour identifier les signes sur les quatre axes afin de confirmer la qualification de dissociation. Prévu à l’origine pour des professionnels de la psy, les outils de l’hypnose et les thérapies brèves demandent une transposition de ces « principes actifs » dans nos pratiques professionnelles quotidiennes. C’est à cela que je me suis attaché avec l’accompagnement hypno-postural. En tant que rééducateur hospitalier et podologue orthésiste libéral, je suis confronté comme d’autres professionnels de santé à ces phénomènes dissociatifs plus ou moins sévères. Si le motif de la consultation est presque toujours corporel, l’origine de la douleur n’est pas nécessairement physique. Les algoneurodystrophies, les fibromyalgies, les chutes à répétition chez des personnes âgées ou les lombalgies chroniques sont, de ce point de vue, assez éloquentes. Ces patients ne vont pas spontanément voir un psy.
2. LE TRAVAIL AVEC LE SWISS (HYPNO) BALL
Lorsque l’on souffre du dos, on constate deux phénomènes délétères interdépendants : le déconditionnement à l’effort, et la fonte musculaire des muscles profonds.
• Le déconditionnement à l’effort Si « ne plus bouger » est investi comme « la solution », très vite cette « tentative de solution va devenir le problème » (3) à cause de la fonte musculaire des muscles spinaux qu’elle génère. De la tonicité de ces derniers dépend la solidité du dos. Alors il m’a fallu réfléchir à des exercices adaptés, qui combinaient à la fois un retour à une forme progressive d’activité physique, et en même temps trouver un moyen hypnotique de ré-étalonner ces perceptions sensorielles aberrantes, en d’autres termes un moyen pour réassocier l’ensemble.
• Le renforcement musculaire avec le swiss (hypno) ball L’intérêt de ce support est son caractère ludique, souple, instable, idéal pour stimuler les processus d’équilibration, pour le renforcement musculaire des muscles profonds, etc. Son caractère populaire, présent dans beaucoup de foyers, en font un atout supplémentaire. Dans ma pratique quotidienne de ces exercices, mon attention a tout de suite été attirée par le caractère hypnotique notamment des rotations. Assis en équilibre sur le ballon, le sujet décrit des cercles dans un sens et dans l’autre. Tout en réalisant ces « tours », je remarque un son, proche d’un grincement sourd, associé à des vibrations, et qui correspond au frottement du ballon sur le sol. J’observe que si mes ronds sont exécutés harmonieusement en rythme, le son se transforme en une sorte de « chant vibratoire » rythmique, proche de celui des chats lors qu’ils ronronnent. (On notera le potentiel métaphorique de l’utilisation sensorielle de cette caractéristique.) Mieux, en calant mes mouvements circulaires sur ce chant vibratoire, mes cercles deviennent plus harmonieux, plus fluides, plus libres et paradoxale ment plus contrôlés.
Il y a donc une synergie entre la régularité de mes « ronds » (tant sur le plan rythmique que physique) et le son que ce « chant » produit. Ce chant est l’exact reflet sonore de la régularité de mes rotations mais aussi de mes sensations corporelles. L’ensemble est donc au sens propre à l’unisson, et d’une certaine manière il n’y a plus qu’à se laisser porter pour être « transporté ». En acceptant d’entrer dans cette expérience, très vite j’ai constaté que les notions d’intérieur/ extérieur comme le temps et l’espace n’avaient plus de réalité, « comme si » on était entré en résonance avec quelque chose qu’il appartient à chacun de nommer. En pratique, le thérapeute et le patient sont chacun assis sur un ballon. Les pieds sont nus sur le sol pour assurer l’équilibre et le contrôle des rotations, dans une tenue qui n’entrave pas les mouvements.
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Christophe Hardy
Rééducateur hospitalier et podologue orthésiste libéral. Formé à l’ARePTA-Institut Milton H. Erickson de Nantes.
Commandez la Revue Hypnose & Thérapies Brèves N°73 : Mai / Juin / Juillet 2024
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°73 :
''En thérapie brève, comme en hypnose formelle, le thérapeute doit posséder de solides connaissances cliniques et la capacité à rentrer dans une transe partagée avec le sujet qu’il accompagne. A partir de cette expérience relationnelle, le thérapeute va poser des questions pour permettre au sujet de se décaler de l’histoire pathologique dans laquelle il est enfermé.''
Jérémie Roos nous montre comment l’utilisation du questionnement externalisant va permettre chez une jeune femme de 20 ans, prise dans une histoire de conflit de loyauté, de TOC et de surpoids, d’ouvrir un espace de liberté où elle pourra assumer ses prises de décision et trouver la force de renégocier sa place dans les relations. Je vous propose ensuite un texte où je développe un certain nombre de chemins pour « reprendre confiance dans le lien humain », quand celui-ci a été détruit par des vécus traumatiques. Il n’y a qu’à partir d’une expérience de sécurité, en lien avec une confiance retrouvée, que le sujet est en capacité de faire face aux effets du trauma.
Bernard Mayer souligne l’importance du travail avec le corps dans la désensibilisation des traumas. A travers le cas d’Eglantine, il nous fait percevoir l’importance du travail avec le Système nerveux autonome pour remettre en mouvement les processus de réassociation.
Dans l’« Espace Douleur Douceur », Gérard Ostermann nous présente le travail de trois praticiens : - Dans le cas d’une douleur d’épaule, Michel Dumas nous indique comment l’hypnose favorise la réconciliation avec cette partie du corps isolée par la douleur.
- Christophe Hardy nous ouvre à l’utilisation hypnotique du « swiss ball » pour redonner du mouvement à un dos enfermé dans la lombalgie.
- Laurence Dalem nous rappelle l’importance des soins palliatifs et combien la relation n’appartient jamais à une personne, mais est toujours partagée.
Dans le dossier thématique ''Interroger nos pratiques'', Guillaume Delannoy et Nathalie Koralnik nous font comprendre qu’aucun thérapeute n’est à l’abri de faire une « mauvaise séance » et ils développent ainsi un mode d’emploi en 20 points pour s’empêcher de réussir !
Vous pouvez en profiter pour lire le « Quiproquo » de Stefano Colombo sur l’échec, illustré avec humour par Muhuc, afin de comprendre pourquoi l’hypnose, on ne peut pas la réussir, avec un grand avantage : pas de réussite, pas d’échec !
J’ai eu le grand plaisir d’interviewer Dominique Megglé à la suite de la publication de son livre ''Les chaussettes trouées'', synthèse des points importants émergeant de sa longue expérience de clinicien. Il évoque l’importance de penser la psychopathologie à partir de l’hypnopathologie. Voilà une position novatrice qui ouvre de nouvelles perspectives pour nous interroger sur la pertinence de nos pratiques.
Stéphane Radoykov questionne également sa pratique, tout en acceptant ses limites, il recherche des améliorations en sortant par exemple du piège des automatismes. Il fait référence aux questionnaires de Scott D. Miller, essentiels pour se situer dans une dimension de co-construction pour ouvrir des possibles.
Adrian Chaboche nous rappelle la phrase d’Erickson pour nous inciter à être créatifs : « N’imitez pas. Soyez naturellement vous-même. J’ai passé du temps à essayer d’imiter d’autres, ce fut un désastre ! »
Sophie Cohen utilise « l’arbre de vie » pour aider Hélène à se libérer des relations dysfonctionnelles transgénérationnelles et s’autoriser à construire sa propre histoire en lien avec ses valeurs préférées.
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°73 :
''En thérapie brève, comme en hypnose formelle, le thérapeute doit posséder de solides connaissances cliniques et la capacité à rentrer dans une transe partagée avec le sujet qu’il accompagne. A partir de cette expérience relationnelle, le thérapeute va poser des questions pour permettre au sujet de se décaler de l’histoire pathologique dans laquelle il est enfermé.''
Jérémie Roos nous montre comment l’utilisation du questionnement externalisant va permettre chez une jeune femme de 20 ans, prise dans une histoire de conflit de loyauté, de TOC et de surpoids, d’ouvrir un espace de liberté où elle pourra assumer ses prises de décision et trouver la force de renégocier sa place dans les relations. Je vous propose ensuite un texte où je développe un certain nombre de chemins pour « reprendre confiance dans le lien humain », quand celui-ci a été détruit par des vécus traumatiques. Il n’y a qu’à partir d’une expérience de sécurité, en lien avec une confiance retrouvée, que le sujet est en capacité de faire face aux effets du trauma.
Bernard Mayer souligne l’importance du travail avec le corps dans la désensibilisation des traumas. A travers le cas d’Eglantine, il nous fait percevoir l’importance du travail avec le Système nerveux autonome pour remettre en mouvement les processus de réassociation.
Dans l’« Espace Douleur Douceur », Gérard Ostermann nous présente le travail de trois praticiens : - Dans le cas d’une douleur d’épaule, Michel Dumas nous indique comment l’hypnose favorise la réconciliation avec cette partie du corps isolée par la douleur.
- Christophe Hardy nous ouvre à l’utilisation hypnotique du « swiss ball » pour redonner du mouvement à un dos enfermé dans la lombalgie.
- Laurence Dalem nous rappelle l’importance des soins palliatifs et combien la relation n’appartient jamais à une personne, mais est toujours partagée.
Dans le dossier thématique ''Interroger nos pratiques'', Guillaume Delannoy et Nathalie Koralnik nous font comprendre qu’aucun thérapeute n’est à l’abri de faire une « mauvaise séance » et ils développent ainsi un mode d’emploi en 20 points pour s’empêcher de réussir !
Vous pouvez en profiter pour lire le « Quiproquo » de Stefano Colombo sur l’échec, illustré avec humour par Muhuc, afin de comprendre pourquoi l’hypnose, on ne peut pas la réussir, avec un grand avantage : pas de réussite, pas d’échec !
J’ai eu le grand plaisir d’interviewer Dominique Megglé à la suite de la publication de son livre ''Les chaussettes trouées'', synthèse des points importants émergeant de sa longue expérience de clinicien. Il évoque l’importance de penser la psychopathologie à partir de l’hypnopathologie. Voilà une position novatrice qui ouvre de nouvelles perspectives pour nous interroger sur la pertinence de nos pratiques.
Stéphane Radoykov questionne également sa pratique, tout en acceptant ses limites, il recherche des améliorations en sortant par exemple du piège des automatismes. Il fait référence aux questionnaires de Scott D. Miller, essentiels pour se situer dans une dimension de co-construction pour ouvrir des possibles.
Adrian Chaboche nous rappelle la phrase d’Erickson pour nous inciter à être créatifs : « N’imitez pas. Soyez naturellement vous-même. J’ai passé du temps à essayer d’imiter d’autres, ce fut un désastre ! »
Sophie Cohen utilise « l’arbre de vie » pour aider Hélène à se libérer des relations dysfonctionnelles transgénérationnelles et s’autoriser à construire sa propre histoire en lien avec ses valeurs préférées.