Elle pratique l'hypnose pour soulager les patients pendant leur opération.
Amandine Decron est infirmière-anesthésiste à l'hôpital du Mans (Sarthe). Elle a été formée à l'hypnose pour accompagner les patients pendant leur opération.
Actu Le Mans - Par Frédéric Jouvet
Le centre hospitalier du Mans (Sarthe) pratique des opérations sous hypnose depuis 2014. Amandine Decron, infirmière depuis 15 ans à l ‘hôpital du Mans, anesthésiste depuis 5 ans est formée à l’hypnose depuis le début de l’année. Elle nous explique en quoi consistent les opérations sous hypnose et comment elle procède avec les patients.
Actu : Comment se déroule une opération sous hypnose ?
Amandine Decron : Il faut que le patient soit demandeur, que cette décision vienne de lui et que le chirurgien soit aussi demandeur d’une chirurgie sous hypnose. Les patients sont vus par un médecin anesthésiste avant intervention et l'infirmière anesthésiste prend contact une quinzaine de jours avant l'opération pour faire le point sur les attentes du patient lui demander, pourquoi il a choisi l’hypnose. Puis, on recueille des données pour savoir quelles sont les activités que le patient aime faire, celles qui occupent sa vie. On se met d’accord sur un thème, des images, pour les faire voyager pendant l'intervention : ça peut être une activité sportive, une promenade.. On va recueillir des éléments de tous les canaux sensoriels, visuels, auditifs, olfactifs, kinesthésiques et on l'utilise pendant la transe hypnotique. Pendant l'opération, on peut diffuser une bande-son choisie par la patiente.
A qui s'adresse ces opérations sous hypnose ?
A.D : Cela peut s’adresser à tous les publics, je l’utilise aussi en salle de naissance pour la pose de péridurale ou de césarienne. On peut proposer plein de choses, ça se fait au feeling en fonction du patient et de ce qu’ils aiment. Pour les enfants, on peut les mettre devant un dessin animé ou sur la tablette. L'hypnose nous forme à la communication positive et thérapeutique : je vais forcément utiliser les outils appris pendant la formation d’hypnose au quotidien.
En quoi cette méthode constitue-t-elle une bonne alternative à l'anesthésie générale ?
A.D : Cela améliore la prise en charge de la douleur, de l’anxiété, du stress. Ca apporte du confort pendant l’intervention et permet une forte diminution des médicaments anesthésiques. L'attention se focalise sur autre chose et le patient se déconnecte de l’angoisse du bloc opératoire. Je le vois plus comme un outil pour faire en sorte que le vécu des patients soit positif et qu’ils ne repartent pas de chez nous la boule au ventre.
Les opérations sous hypnose sont-elles courantes à l'hôpital du Mans ?
A.D : Hors Covid, on réalise environ une opération de la thyroïde par mois sous hypnose. Mais on peut proposer l'hypnose pour d’autres interventions : vasectomies, pose de chambre implantable de cathéters... ça se développe, les patients sont bien informés et sont de plus en plus demandeurs de ces outils qui apportent du confort et une prise en charge de la douleur.
Actu Le Mans - Par Frédéric Jouvet
Le centre hospitalier du Mans (Sarthe) pratique des opérations sous hypnose depuis 2014. Amandine Decron, infirmière depuis 15 ans à l ‘hôpital du Mans, anesthésiste depuis 5 ans est formée à l’hypnose depuis le début de l’année. Elle nous explique en quoi consistent les opérations sous hypnose et comment elle procède avec les patients.
Actu : Comment se déroule une opération sous hypnose ?
Amandine Decron : Il faut que le patient soit demandeur, que cette décision vienne de lui et que le chirurgien soit aussi demandeur d’une chirurgie sous hypnose. Les patients sont vus par un médecin anesthésiste avant intervention et l'infirmière anesthésiste prend contact une quinzaine de jours avant l'opération pour faire le point sur les attentes du patient lui demander, pourquoi il a choisi l’hypnose. Puis, on recueille des données pour savoir quelles sont les activités que le patient aime faire, celles qui occupent sa vie. On se met d’accord sur un thème, des images, pour les faire voyager pendant l'intervention : ça peut être une activité sportive, une promenade.. On va recueillir des éléments de tous les canaux sensoriels, visuels, auditifs, olfactifs, kinesthésiques et on l'utilise pendant la transe hypnotique. Pendant l'opération, on peut diffuser une bande-son choisie par la patiente.
A qui s'adresse ces opérations sous hypnose ?
A.D : Cela peut s’adresser à tous les publics, je l’utilise aussi en salle de naissance pour la pose de péridurale ou de césarienne. On peut proposer plein de choses, ça se fait au feeling en fonction du patient et de ce qu’ils aiment. Pour les enfants, on peut les mettre devant un dessin animé ou sur la tablette. L'hypnose nous forme à la communication positive et thérapeutique : je vais forcément utiliser les outils appris pendant la formation d’hypnose au quotidien.
En quoi cette méthode constitue-t-elle une bonne alternative à l'anesthésie générale ?
A.D : Cela améliore la prise en charge de la douleur, de l’anxiété, du stress. Ca apporte du confort pendant l’intervention et permet une forte diminution des médicaments anesthésiques. L'attention se focalise sur autre chose et le patient se déconnecte de l’angoisse du bloc opératoire. Je le vois plus comme un outil pour faire en sorte que le vécu des patients soit positif et qu’ils ne repartent pas de chez nous la boule au ventre.
Les opérations sous hypnose sont-elles courantes à l'hôpital du Mans ?
A.D : Hors Covid, on réalise environ une opération de la thyroïde par mois sous hypnose. Mais on peut proposer l'hypnose pour d’autres interventions : vasectomies, pose de chambre implantable de cathéters... ça se développe, les patients sont bien informés et sont de plus en plus demandeurs de ces outils qui apportent du confort et une prise en charge de la douleur.
Opérée sous hypnose à l'hôpital, elle témoigne.
Manon*, habitante du Mans (Sarthe), a été opérée de la thyroïde ce mardi 11 mai 2021. Une intervention menée sous hypnose au centre hospitalier du Mans.
Actu Le Mans - Par Frédéric Jouvet
Le centre hospitalier du Mans (Sarthe) pratique depuis 2014 des opérations avec anesthésie sous hypnose. Manon* a subi une opération de la thyroïde mardi 11 mai 2021 en ayant recours à cette technique. Elle raconte son ressenti.
Premier recours à l’hypnose
Manon ne connaissait pas cette pratique de l’hypnose. Une connaissance a passé la même opération et l’a conseillée d’y avoir recours pour son intervention.
« Ca me convenait, je ne voulais pas forcément trop médicaliser l’opération et ça m’a complètement convaincue », détaille la Mancelle.
En amont de l’opération, elle a échangé par téléphone avec l’infirmière-anesthésiste qui lui a expliqué le déroulé de l’intervention et lui a demandé de réfléchir à des endroits auxquels penser lors de l’hypnose.
Des images et une musique pour se relaxer
« J’ai choisi comme image celle de champs de blé avec des coquelicots et c’est autour de ça qu’elle m’a hypnotisée. Une autre image était celle de moi bien confortablement dans mon lit avec ma couette et mon oreiller ». Un échange qui a permis de dissiper toutes les craintes avant l’opération.
Le jour de l’intervention, l’hypnopraticienne l’a invitée à penser à ces images et lui a fait des massages circulaires au niveau de ses tempes afin de la guider vers l’hypnose.
J’associe ça plus à de la relaxation, au fait de se mettre dans un lieu où on est bien. C’est à la portée de beaucoup de personnes de se projeter dans un endroit où l'on se sent bien.
Manon a également pu écouter une musique de son choix, une de Max Richter, pendant l’intervention.
Tout s’est passé dans la sérénité pour la patiente. « J’en menais pas large quand je suis arrivée mais l’équipe nous met à l’aise. ça s’est fait tout naturellement, il n’y a aucune crainte à avoir », souligne-t-elle.
« Je crois même avoir dormi un peu ! »
Manon a été convoquée à 7h et a pu rentrer chez elle à 14h30. « Ce qui est sûr, c’est que je n’ai pas vu le temps passer, c’est assez perturbant d’ailleurs. Je crois même avoir dormi un peu sur la fin! »
L’anesthésiste m’avait dit que je sentirais l'anesthésie locale mais je n’avais pas remarqué qu’on avait commencé l’opération.
Pendant l’opération, qui a duré entre une heure et une heure et demie, elle n’a ressenti un peu de douleur qu’à deux reprises. « On s’était mises d’accord sur un signe, un clignement des yeux, pour dire quand j’avais mal. Il se passe des choses dans notre corps et l’on ressent un peu la pression ce qui m’a fait quitter mon espace d’évasion mais l’infirmière m’a reguidée vers l’hypnose ».
Manon estime que l’opération sous hypnose est une bonne alternative à l’anesthésie générale. « C’est très agréable de pouvoir sortir du bloc opératoire sur ses deux jambes, j’étais bien et j’ai pu rentrer directement chez soi, c’est chouette. »
Actu Le Mans - Par Frédéric Jouvet
Le centre hospitalier du Mans (Sarthe) pratique depuis 2014 des opérations avec anesthésie sous hypnose. Manon* a subi une opération de la thyroïde mardi 11 mai 2021 en ayant recours à cette technique. Elle raconte son ressenti.
Premier recours à l’hypnose
Manon ne connaissait pas cette pratique de l’hypnose. Une connaissance a passé la même opération et l’a conseillée d’y avoir recours pour son intervention.
« Ca me convenait, je ne voulais pas forcément trop médicaliser l’opération et ça m’a complètement convaincue », détaille la Mancelle.
En amont de l’opération, elle a échangé par téléphone avec l’infirmière-anesthésiste qui lui a expliqué le déroulé de l’intervention et lui a demandé de réfléchir à des endroits auxquels penser lors de l’hypnose.
Des images et une musique pour se relaxer
« J’ai choisi comme image celle de champs de blé avec des coquelicots et c’est autour de ça qu’elle m’a hypnotisée. Une autre image était celle de moi bien confortablement dans mon lit avec ma couette et mon oreiller ». Un échange qui a permis de dissiper toutes les craintes avant l’opération.
Le jour de l’intervention, l’hypnopraticienne l’a invitée à penser à ces images et lui a fait des massages circulaires au niveau de ses tempes afin de la guider vers l’hypnose.
J’associe ça plus à de la relaxation, au fait de se mettre dans un lieu où on est bien. C’est à la portée de beaucoup de personnes de se projeter dans un endroit où l'on se sent bien.
Manon a également pu écouter une musique de son choix, une de Max Richter, pendant l’intervention.
Tout s’est passé dans la sérénité pour la patiente. « J’en menais pas large quand je suis arrivée mais l’équipe nous met à l’aise. ça s’est fait tout naturellement, il n’y a aucune crainte à avoir », souligne-t-elle.
« Je crois même avoir dormi un peu ! »
Manon a été convoquée à 7h et a pu rentrer chez elle à 14h30. « Ce qui est sûr, c’est que je n’ai pas vu le temps passer, c’est assez perturbant d’ailleurs. Je crois même avoir dormi un peu sur la fin! »
L’anesthésiste m’avait dit que je sentirais l'anesthésie locale mais je n’avais pas remarqué qu’on avait commencé l’opération.
Pendant l’opération, qui a duré entre une heure et une heure et demie, elle n’a ressenti un peu de douleur qu’à deux reprises. « On s’était mises d’accord sur un signe, un clignement des yeux, pour dire quand j’avais mal. Il se passe des choses dans notre corps et l’on ressent un peu la pression ce qui m’a fait quitter mon espace d’évasion mais l’infirmière m’a reguidée vers l’hypnose ».
Manon estime que l’opération sous hypnose est une bonne alternative à l’anesthésie générale. « C’est très agréable de pouvoir sortir du bloc opératoire sur ses deux jambes, j’étais bien et j’ai pu rentrer directement chez soi, c’est chouette. »
Peut-on vraiment opérer des patients sous hypnose ? - Santé Magazine
Les opérations chirurgicales sous hypnose font grand bruit dans les médias. Sont-elles des prouesses médicales exceptionnelles ? Ou peut-on vraiment opérer grâce à l'hypnose, sans anesthésie générale ? Toutes les opérations se prêtent-elles à cette pratique ? On fait le point.
Un patient opéré du cœur sous hypnose, à Lille, en 2018. Un autre, atteint d’une tumeur au cerveau, éveillé pendant que le chirurgien ouvre sa boîte crânienne, à Tours, en 2016. Ces opérations ont bien eu lieu et les patients n’étaient pas sous anesthésie générale. Mais cela ne veut pas dire que cette thérapeutique remplace toute anesthésie. Ni que toutes les interventions chirurgicales peuvent se faire sous hypnose.
"L’hypnose ne réduit la douleur que de 50 %, explique le Dr Franck Bernard, médecin anesthésiste réanimateur et formateur en hypnose à l’institut Émergences ainsi qu’au DU de la Pitié-Salpêtrière (Paris) et du CHU de Liège. L’hypnose seule est donc adaptée à des actes peu douloureux comme l’hystéroscopie non opératoire ou la fibroscopie gastrique. L’anesthésie générale reste incontournable pour les chirurgies profondes sur les organes.
L’hypnose médicale induit un état de calme et d’immobilité
Rassurer, faire des suggestions positives ("cela va très bien se passer"), détourner l’attention… si le patient ne se rend pas toujours compte de l’hypnose "informelle", il est pleinement acteur de l’hypnose "formelle", proposée afin de réduire son anxiété et de diminuer sa douleur pendant l’intervention, sans avoir à passer par une anesthésie générale.
"On accompagne le patient dans un état mental qui met en veille des fonctions cognitives du cerveau, mais pas celles de l’intuition ou de l’imagination", explique la Dre Aurore Marcou, médecin anesthésiste et hypnothérapeute.
"L’hypnose est là pour le maintenir dans un état de calme et d’immobilité, même pendant plusieurs heures, ce qui est difficile avec les médicaments", ajoute le Dr Franck Bernard.
L'hypnose médicale permet de diminuer les doses de produits injectés
"Si nécessaire et pour donner plus de confort, on peut ajouter des anesthésiants en petite quantité, c’est l’hypnosédation", précise la Dre Marcou. Une étude qu’elle a menée à l’Institut Curie avec la Dre Séverine Alran, sénologue, montre que 98,4 % des 125 patientes opérées pour le cancer du sein, d’une mastectomie partielle ou totale, l’ont été avec une hypnosédation.
"En évitant l’utilisation d’anesthésiques, on réduit les effets secondaires, dit la spécialiste. L’hypnose est très bien adaptée aux patients fragiles sur le plan cardiaque ou aux personnes âgées perturbées par l’anesthésie générale."
Quelles opérations chirurgicales sont possibles sous hypnose ?
Il est possible de recourir à l’hypnose dans un grand nombre de chirurgies : main, pied, dents, oreilles, yeux, nez, peau, thyroïde, sein… Voici les principales.
Les chirurgies mineures réalisées sous hypnose
• Correction de cicatrices
• Correction d’oreilles décollées
• Extraction de dents de sagesse
• Lipoaspiration
• Plastie des paupières
• Réduction de fracture du nez
• Varices
Les chirurgies majeures réalisées avec hypnose et anesthésie locale ou locorégionale
• Ablation de la thyroïde
• Ablation de l’utérus par voies naturelles
• Césarienne
• Chirurgie du nez
• Lifting
• Greffe osseuse sur la mâchoire
• Hernies ombilicale, inguinale, discale
• Ligature de trompes / résection de polypes de l’utérus
• Ptose et réduction mammaire, prothèses mammaires
• Résection de tumeur du visage, du cou, et plastie par lambeau
Les chirurgies majeures réalisées sans hypnose, nécessitant toujours une anesthésie générale
• Chirurgie cardiaque avec ouverture du sternum
• Chirurgie digestive : ablation de l’estomac, de la rate, du côlon, de la vésicule biliaire
• Chirurgie de l’obésité (bypass, sleeve)
• Chirurgie pulmonaire invasive avec ouverture du thorax
• Chirurgie du rachis autre que la hernie discale
• Greffe de foie
Pourquoi l'hypnose médicale n’est-elle pas toujours proposée aux patients ?
"La principale raison relève du manque de ressources hospitalières, explique le Pr Philippe Cuvillon, anesthésiste. Si un anesthésiste doit s’occuper de deux blocs, il ne peut pas rester aux côtés du patient. C’est pourquoi on teste des casques de réalité augmentée pour maintenir le patient en transe."
Le Dr Eryk Eisenberg, un convaincu des bénéfices de l’hypnose informelle, pratique peu l’hypnose formelle : "Certains chirurgiens n’y sont pas favorables car cela prend plus de temps et qu’il faut parfois interrompre l’intervention le temps d’approfondir l’état de transe du patient." Dans tous les cas, rien n’est imposé. "Certains préfèrent être endormis, dit le Dr Bernard. Pour eux, l’anesthésie générale, si elle n’est pas contre-indiquée, peut être la meilleure solution."
Un patient opéré du cœur sous hypnose, à Lille, en 2018. Un autre, atteint d’une tumeur au cerveau, éveillé pendant que le chirurgien ouvre sa boîte crânienne, à Tours, en 2016. Ces opérations ont bien eu lieu et les patients n’étaient pas sous anesthésie générale. Mais cela ne veut pas dire que cette thérapeutique remplace toute anesthésie. Ni que toutes les interventions chirurgicales peuvent se faire sous hypnose.
"L’hypnose ne réduit la douleur que de 50 %, explique le Dr Franck Bernard, médecin anesthésiste réanimateur et formateur en hypnose à l’institut Émergences ainsi qu’au DU de la Pitié-Salpêtrière (Paris) et du CHU de Liège. L’hypnose seule est donc adaptée à des actes peu douloureux comme l’hystéroscopie non opératoire ou la fibroscopie gastrique. L’anesthésie générale reste incontournable pour les chirurgies profondes sur les organes.
L’hypnose médicale induit un état de calme et d’immobilité
Rassurer, faire des suggestions positives ("cela va très bien se passer"), détourner l’attention… si le patient ne se rend pas toujours compte de l’hypnose "informelle", il est pleinement acteur de l’hypnose "formelle", proposée afin de réduire son anxiété et de diminuer sa douleur pendant l’intervention, sans avoir à passer par une anesthésie générale.
"On accompagne le patient dans un état mental qui met en veille des fonctions cognitives du cerveau, mais pas celles de l’intuition ou de l’imagination", explique la Dre Aurore Marcou, médecin anesthésiste et hypnothérapeute.
"L’hypnose est là pour le maintenir dans un état de calme et d’immobilité, même pendant plusieurs heures, ce qui est difficile avec les médicaments", ajoute le Dr Franck Bernard.
L'hypnose médicale permet de diminuer les doses de produits injectés
"Si nécessaire et pour donner plus de confort, on peut ajouter des anesthésiants en petite quantité, c’est l’hypnosédation", précise la Dre Marcou. Une étude qu’elle a menée à l’Institut Curie avec la Dre Séverine Alran, sénologue, montre que 98,4 % des 125 patientes opérées pour le cancer du sein, d’une mastectomie partielle ou totale, l’ont été avec une hypnosédation.
"En évitant l’utilisation d’anesthésiques, on réduit les effets secondaires, dit la spécialiste. L’hypnose est très bien adaptée aux patients fragiles sur le plan cardiaque ou aux personnes âgées perturbées par l’anesthésie générale."
Quelles opérations chirurgicales sont possibles sous hypnose ?
Il est possible de recourir à l’hypnose dans un grand nombre de chirurgies : main, pied, dents, oreilles, yeux, nez, peau, thyroïde, sein… Voici les principales.
Les chirurgies mineures réalisées sous hypnose
• Correction de cicatrices
• Correction d’oreilles décollées
• Extraction de dents de sagesse
• Lipoaspiration
• Plastie des paupières
• Réduction de fracture du nez
• Varices
Les chirurgies majeures réalisées avec hypnose et anesthésie locale ou locorégionale
• Ablation de la thyroïde
• Ablation de l’utérus par voies naturelles
• Césarienne
• Chirurgie du nez
• Lifting
• Greffe osseuse sur la mâchoire
• Hernies ombilicale, inguinale, discale
• Ligature de trompes / résection de polypes de l’utérus
• Ptose et réduction mammaire, prothèses mammaires
• Résection de tumeur du visage, du cou, et plastie par lambeau
Les chirurgies majeures réalisées sans hypnose, nécessitant toujours une anesthésie générale
• Chirurgie cardiaque avec ouverture du sternum
• Chirurgie digestive : ablation de l’estomac, de la rate, du côlon, de la vésicule biliaire
• Chirurgie de l’obésité (bypass, sleeve)
• Chirurgie pulmonaire invasive avec ouverture du thorax
• Chirurgie du rachis autre que la hernie discale
• Greffe de foie
Pourquoi l'hypnose médicale n’est-elle pas toujours proposée aux patients ?
"La principale raison relève du manque de ressources hospitalières, explique le Pr Philippe Cuvillon, anesthésiste. Si un anesthésiste doit s’occuper de deux blocs, il ne peut pas rester aux côtés du patient. C’est pourquoi on teste des casques de réalité augmentée pour maintenir le patient en transe."
Le Dr Eryk Eisenberg, un convaincu des bénéfices de l’hypnose informelle, pratique peu l’hypnose formelle : "Certains chirurgiens n’y sont pas favorables car cela prend plus de temps et qu’il faut parfois interrompre l’intervention le temps d’approfondir l’état de transe du patient." Dans tous les cas, rien n’est imposé. "Certains préfèrent être endormis, dit le Dr Bernard. Pour eux, l’anesthésie générale, si elle n’est pas contre-indiquée, peut être la meilleure solution."