Apport de l’hypnose dans le traitement endovasculaire des anévrismes de l’aorte abdominale
Apport de l’hypnose dans le traitement endovasculaire des anévrismes de l’aorte abdominale
J. Touma 1, L. Derycke 1, A. Khaled 2, F. Cochennec 1, J.-P. Becquemin 1, O. Langeron 2, P. Desgranges 1
1 Service de chirurgie vasculaire, CHU Henri Mondor, Créteil, France
2 Service d’anesthésie réanimation, CHU Henri Mondor, Créteil, France
Objectif
L’exclusion endovasculaire des anévrysmes de l’aorte abdominale est associée à une réduction de la mortalité et morbidité précoces. En vue d’une réduction supplémentaire du risque, notamment celui lié à l’anesthésie générale (AG), l’hypnose semble représenter une alternative, chez les patients à haut risque. L’objectif de cette étude est d’évaluer la contribution de l’hypnose associée à l’anesthésie locale (AL) dans cette chirurgie.
Patients
Tous les patients ayant bénéficié d’une implantation d’endoprothèse aortique sous-rénale ou fenêtrée/branchée sous hypnose+AL de janvier 2013 à décembre 2015 ont été inclus rétrospectivement (n=28). Une cohorte-contrôle de patients sous AG ayant été opérés durant la même période (n=43) a été constituée. Les données péri-opératoires ont été collectées dans une base de données renseignée prospectivement.
Résultats
Vingt-huit patients (âge moyen 70,9 ans) ont été inclus dans le groupe hypnose, versus 43 patients (âge moyen 75 ans) dans le groupe contrôle. Le suivi médian était de 2,8±1,9 ans. Les caractéristiques des groupes (démographie, comorbidités, anatomie) étaient comparables. Huit (28 %) endoprothèses dans le groupe hypnose et 14 (32 %) dans le groupe AG étaient supra rénales. Aucune différence significative n’a été retrouvée en termes de durée de séjour en soins intensifs (p=06), de survenue d’endofuites, de réintervention, ou de mortalité à 30jours (p=1,00, p=0,73, et 0,24, respectivement). Le groupe hypnose a bénéficié d’un usage significativement moindre de noradrénaline (0,04±0,1mg.h-1 vs 1,2±4,0, p<0,001), d’une durée opératoire inférieure (181,2±71,4min vs 214,3±79,6min, p=0,04) et d’une durée d’hospitalisation plus courte (5,4±3,2jours vs 8,4±5,9jours, p=0,002).
Conclusion
L’hypnose pendant le traitement endovasculaire des anévrysmes de l’aorte n’a pas d’impact négatif sur les résultats cliniques. Elle semble réduire la nécessité de recours aux vasopresseurs, ainsi que la durée opératoire et de séjour hospitalier.
https://www.em-consulte.com/article/1405184/apport-de-l-hypnose-dans-le-traitement-endovascula
J. Touma 1, L. Derycke 1, A. Khaled 2, F. Cochennec 1, J.-P. Becquemin 1, O. Langeron 2, P. Desgranges 1
1 Service de chirurgie vasculaire, CHU Henri Mondor, Créteil, France
2 Service d’anesthésie réanimation, CHU Henri Mondor, Créteil, France
Objectif
L’exclusion endovasculaire des anévrysmes de l’aorte abdominale est associée à une réduction de la mortalité et morbidité précoces. En vue d’une réduction supplémentaire du risque, notamment celui lié à l’anesthésie générale (AG), l’hypnose semble représenter une alternative, chez les patients à haut risque. L’objectif de cette étude est d’évaluer la contribution de l’hypnose associée à l’anesthésie locale (AL) dans cette chirurgie.
Patients
Tous les patients ayant bénéficié d’une implantation d’endoprothèse aortique sous-rénale ou fenêtrée/branchée sous hypnose+AL de janvier 2013 à décembre 2015 ont été inclus rétrospectivement (n=28). Une cohorte-contrôle de patients sous AG ayant été opérés durant la même période (n=43) a été constituée. Les données péri-opératoires ont été collectées dans une base de données renseignée prospectivement.
Résultats
Vingt-huit patients (âge moyen 70,9 ans) ont été inclus dans le groupe hypnose, versus 43 patients (âge moyen 75 ans) dans le groupe contrôle. Le suivi médian était de 2,8±1,9 ans. Les caractéristiques des groupes (démographie, comorbidités, anatomie) étaient comparables. Huit (28 %) endoprothèses dans le groupe hypnose et 14 (32 %) dans le groupe AG étaient supra rénales. Aucune différence significative n’a été retrouvée en termes de durée de séjour en soins intensifs (p=06), de survenue d’endofuites, de réintervention, ou de mortalité à 30jours (p=1,00, p=0,73, et 0,24, respectivement). Le groupe hypnose a bénéficié d’un usage significativement moindre de noradrénaline (0,04±0,1mg.h-1 vs 1,2±4,0, p<0,001), d’une durée opératoire inférieure (181,2±71,4min vs 214,3±79,6min, p=0,04) et d’une durée d’hospitalisation plus courte (5,4±3,2jours vs 8,4±5,9jours, p=0,002).
Conclusion
L’hypnose pendant le traitement endovasculaire des anévrysmes de l’aorte n’a pas d’impact négatif sur les résultats cliniques. Elle semble réduire la nécessité de recours aux vasopresseurs, ainsi que la durée opératoire et de séjour hospitalier.
https://www.em-consulte.com/article/1405184/apport-de-l-hypnose-dans-le-traitement-endovascula
La suggestion hypnotique éclairée par les neurosciences
Dans les murs de l’hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP où Charcot a exploré l’hypnose à la fin du XIXe siècle, une équipe de recherche associant des chercheurs et chercheuses de Sorbonne Université, de l’AP-HP, du CNRS et de l’Inserm1, et dirigée par le professeur Lionel Naccache, vient de rapporter une observation originale qui éclaire les mécanismes cérébraux et psychologiques de la suggestion hypnotique. Ce travail de recherche vient d’être publié dans la revue Frontiers in Neuroscience.
La suggestion hypnotique permet d’induire volontairement chez un individu des états mentaux conscients très variés, et elle peut être utilisée à la fois dans le cadre de la recherche sur la biologie de la conscience, et dans un cadre thérapeutique où elle peut, par exemple, diminuer l’expérience douloureuse associée à une intervention chirurgicale chez un sujet éveillé conscient.
Dans ce travail dont le premier auteur est l’étudiant en thèse de neurosciences et chercheur à l’Inserm Esteban Munoz-Musat, les auteurs ont induit une surdité transitoire chez une femme en bonne santé, tout en disséquant les étapes cérébrales de sa perception auditive à l’aide de la technique de l’électroencéphalographie (EEG) à haute densité qui permet de suivre la dynamique du fonctionnement cérébral à l’échelle fine du millième de seconde.
Les chercheurs ont enregistré l’activité cérébrale de la volontaire en situation normale et en situation de surdité hypnotique.
Ils avaient formulé les trois prédictions suivantes qui dérivent des mécanismes cérébraux connus de la perception auditive (voir encadré) et de la théorie de l’espace de travail neuronal global conscient élaborée depuis 2001 par Stanislas Dehaene, Jean-Pierre Changeux et Lionel Naccache:
1 – Les premières étapes corticales de la perception d’un stimulus auditif devraient être préservées durant la surdité hypnotique ;
2 – La surdité hypnotique devrait être associée à une disparition totale de la P300 qui signe l’entrée de l’information auditive dans l’espace neuronal global conscient ;
3 – Ce blocage devrait être associé à un mécanisme inhibiteur déclenché volontairement par l’individu qui accepte de suivre la consigne d’induction hypnotique.
De manière remarquable, les analyses détaillées et approfondies de l’activité cérébrale de cette volontaire ont permis de confirmer ces trois prédictions, et ont également mis en lumière l’implication probable d’une région du lobe frontal connue pour son rôle inhibiteur : le cortex cingulaire antérieur.
L’équipe de recherche a ensuite pu proposer un scénario cérébral précis du phénomène d’induction hypnotique qui affecte spécifiquement les étapes de la prise de conscience tout en préservant les premières étapes inconscientes de la perception.
Ce travail original apporte une preuve de concept importante et va être prolongé sur un groupe plus important d’individus.
Outre leur importance pour les théories biologiques de la conscience et de la subjectivité, ces résultats ouvrent également des perspectives thérapeutiques non seulement dans le champ de l’hypnose médicale, mais également dans le champ voisin des troubles neurologiques fonctionnels qui sont très fréquents (près de 20 % des urgences neurologiques), et dans lesquels les patients souffrent de symptômes invalidants.
Ces symptômes sont souvent sensibles à l’induction hypnotique, et semblent partager avec l’hypnose plusieurs facteurs clés.
COMMUNIQUÉ – SALLE DE PRESSE INSERM
La suggestion hypnotique éclairée par les neurosciences
LIEN :
https://presse.inserm.fr/la-suggestion-hypnotique-eclairee-par-les-neurosciences/44984/
La suggestion hypnotique permet d’induire volontairement chez un individu des états mentaux conscients très variés, et elle peut être utilisée à la fois dans le cadre de la recherche sur la biologie de la conscience, et dans un cadre thérapeutique où elle peut, par exemple, diminuer l’expérience douloureuse associée à une intervention chirurgicale chez un sujet éveillé conscient.
Dans ce travail dont le premier auteur est l’étudiant en thèse de neurosciences et chercheur à l’Inserm Esteban Munoz-Musat, les auteurs ont induit une surdité transitoire chez une femme en bonne santé, tout en disséquant les étapes cérébrales de sa perception auditive à l’aide de la technique de l’électroencéphalographie (EEG) à haute densité qui permet de suivre la dynamique du fonctionnement cérébral à l’échelle fine du millième de seconde.
Les chercheurs ont enregistré l’activité cérébrale de la volontaire en situation normale et en situation de surdité hypnotique.
Ils avaient formulé les trois prédictions suivantes qui dérivent des mécanismes cérébraux connus de la perception auditive (voir encadré) et de la théorie de l’espace de travail neuronal global conscient élaborée depuis 2001 par Stanislas Dehaene, Jean-Pierre Changeux et Lionel Naccache:
1 – Les premières étapes corticales de la perception d’un stimulus auditif devraient être préservées durant la surdité hypnotique ;
2 – La surdité hypnotique devrait être associée à une disparition totale de la P300 qui signe l’entrée de l’information auditive dans l’espace neuronal global conscient ;
3 – Ce blocage devrait être associé à un mécanisme inhibiteur déclenché volontairement par l’individu qui accepte de suivre la consigne d’induction hypnotique.
De manière remarquable, les analyses détaillées et approfondies de l’activité cérébrale de cette volontaire ont permis de confirmer ces trois prédictions, et ont également mis en lumière l’implication probable d’une région du lobe frontal connue pour son rôle inhibiteur : le cortex cingulaire antérieur.
L’équipe de recherche a ensuite pu proposer un scénario cérébral précis du phénomène d’induction hypnotique qui affecte spécifiquement les étapes de la prise de conscience tout en préservant les premières étapes inconscientes de la perception.
Ce travail original apporte une preuve de concept importante et va être prolongé sur un groupe plus important d’individus.
Outre leur importance pour les théories biologiques de la conscience et de la subjectivité, ces résultats ouvrent également des perspectives thérapeutiques non seulement dans le champ de l’hypnose médicale, mais également dans le champ voisin des troubles neurologiques fonctionnels qui sont très fréquents (près de 20 % des urgences neurologiques), et dans lesquels les patients souffrent de symptômes invalidants.
Ces symptômes sont souvent sensibles à l’induction hypnotique, et semblent partager avec l’hypnose plusieurs facteurs clés.
COMMUNIQUÉ – SALLE DE PRESSE INSERM
La suggestion hypnotique éclairée par les neurosciences
LIEN :
https://presse.inserm.fr/la-suggestion-hypnotique-eclairee-par-les-neurosciences/44984/