Définition : la dépression est une maladie qui se caractérise notamment par une grande tristesse, un sentiment de désespoir (humeur dépressive), une perte de motivation et de facultés de décision, une diminution du sentiment de plaisir, des troubles alimentaires et du sommeil, des pensées morbides et l’impression de ne pas avoir de valeur en tant qu’individu. Selon l’intensité des symptômes, la dépression sera qualifiée de légère, modérée ou majeure (grave). Dans les cas les plus graves, la dépression peut conduire au suicide.
Cas n° 1
Madame A.M., 53 ans, consulte pour des douleurs musculaires qu’elle ressent dans tout son corps. Les rhumatologues lui ont dit qu’elle souffrait de fibromyalgie. A la maison, elle est en conflit avec son mari. Il est violent, coléreux. Il boit beaucoup d’alcool, dit-elle, et cela lui crée des crises d’agressivité à son égard. Elle a peur de lui. Elle contrôle chacun de ses mots pour éviter un conflit qui pourrait dégénérer. Un de ses fils sort de prison et ne trouve pas de travail. Elle a peur pour lui. Elle a fait une tentative de suicide l’année dernière. Sa mère a perdu six enfants qui sont morts avant terme. Elle est l’aînée de quatre enfants qui sont nés après ces six mort-nés. A 8 ans, elle devait s’occuper de ses frères et soeurs. Elle est dans un contrôle permanent. Son corps est contracturé de la tête aux pieds. Elle appréhende chaque quotidien, chaque événement. Elle anticipe de manière anxieuse son avenir. Elle est déprimée et prend un traitement antidépresseur et anxiolytique. Elle écoute des enregistrements de relaxation et de méditation sur Internet. Elle trouve qu’elle a du mal à lâcher prise. Elle parle à sa rhumatologue de son envie de recourir à l’hypnose. Sa rhumatologue me l’envoie. Je lui propose de bien s’installer dans le fauteuil. Elle le fait volontiers. Elle a de l’entraînement pour se placer et se rendre disponible à des exercices. J’ajoute qu’elle doit prendre tout en compte, tout ce qu’elle m’a décrit, ne rien refuser, ne rien fuir. Elle ferme les yeux. Je poursuis :- « Prenez les faits comme ils sont et ressentez votre impuissance à les résoudre. Immergez-vous dans cette immense piscine remplie de tous ces événements, conflits, colère, peurs…Elle ouvre les yeux :- Je préfère les fuir !- Non, l’inverse. Plongez-vous dans ce bain. »Je la laisse vivre cette expérience. Après dix minutes, elle revient, elle s’étire. Elle me dit que c’est nouveau pour elle comme exercice. Je ne la questionne pas. Elle sort de la pièce avec le sourire. Je savais que cette séance serait unique. Alors je lui demande de refaire cet exercice chez elle puisqu’elle a l’expérience de la méditation. Je ne l’ai pas revue. C’était à l’hôpital Cochin. J’ai de ses nouvelles trois mois plus tard. Elle veut une autre séance d’hypnose. Commentaires Pourquoi dire un trouble attentionnel ? Elle fixe son attention sur des faits et sur des problèmes bien réels. Plus elle fixe, plus elle est effrayée et en opposition. Son attention est restreinte. Son corps reste crispé dans une tension chronique en rapport avec cette fixité : similitude entre corps et esprit = même réaction face aux difficultés.
Cas n° 2
Madame N., 68 ans, est médecin à la retraite. Sa fille me l’envoie et l’accompagne pour soigner sa dépression qui s’est installée depuis dix ans. Elle prend des médicaments : antidépresseurs, anxiolytiques, qui ne la guérissent pas. Elle a un visage triste. Son corps est affalé dans le fauteuil. Elle était médecin scolaire. Je lui demande ce qu’elle attend de l’hypnose. Elle me répond en souriant qu’il paraît que je fais des miracles. Alors je lui demande si elle pense qu’elle peut guérir ? Elle me dit que non. Elle n’y croit pas. C’est sa fille qui a insisté pour qu’elle vienne. Sa famille est triste de la voir ainsi angoissée et passant ses journées devant la télé. Tout est angoisse. Sortir dans la rue, faire les courses est insupportable. Elle s’angoisse en pensant aux repas qu’elle doit préparer pour ses enfants. Elle pose sa main sur son sternum, le lieu de sa douleur. Elle a peu d’occupations personnelles. Je lui réponds que je ne peux rien faire si elle ne vient pas d’elle-même. Elle comprend et me dit qu’elle était angoissée de venir à cette consultation. Je lui propose de revenir lorsqu’elle sera décidée, elle, à guérir. Elle me demande si je crois à sa guérison. Je lui dis que certainement, elle peut guérir. De nouveau un petit sourire agréable sur son visage. Elle se lève et quitte la pièce. Sa fille la rejoint pour la raccompagner.
Commentaires Il est dit que le patient qui consulte, de lui-même, doit être considéré comme guéri. Ce n’est pas son cas, semble-t-il. L’hypnose ne serait rien d’autre qu’entériner une décision de guérir et de l’accompagner dans ce mouvement. Mon impression : son petit sourire qui reviendra à trois reprises me laisse penser qu’il y a une faille dans son comportement dépressif. Mais je refuse d’intervenir tant qu’elle ne vient pas d’elle-même. Je ne veux pas vouloir la guérir à sa place. Elle doit s’impliquer.
Cas n° 3
David a 20 ans. Depuis deux ans, il s’est immobilisé. Arrêt des études, envies suicidaires, hospitalisé depuis quatre mois en clinique psychiatrique, douleurs chroniques abdominales. Je lui demande d’où vient sa souffrance. Le divorce de ses parents a été très pénible pour lui et sa mère. Sa soeur, elle, a très bon caractère et un bon moral, dit-il. Les psychiatres n’ont pas évoqué de problèmes psychiatriques graves ; une simple dépression bien installée et qui réagit peu aux antidépresseurs. Il a mal au ventre. Il a peur d’avoir une maladie grave. Il développe une hypocondrie. Je lui propose de déplacer son attention vers l’extérieur. Il est trop tourné vers lui. Il pose sa main sur son genou. « Je ressens des fourmillements autour du genou, et ça m’inquiète. » J’insiste et lui demande de nouveau de poser son attention à l’extérieur : le fauteuil, les objets, la fenêtre, le plafond, les bruits de la rue, etc. Il ne me parle plus de son corps. Je lui dis que je sens qu’il a les ressources pour s’en sortir. Il sourit. Je lui demande de fermer les yeux et de ressentir tout l’espace autour de lui. Comme il prend beaucoup de médicaments, je ne sais pas si sa détente est naturelle ou chimique. La séance se termine. Il retourne dans sa clinique psychiatrique. Il revient la semaine suivante. Il dit qu’il va un peu mieux, sa mère dit qu’il est inquiet de quitter cette clinique où il est hospitalisé depuis quatre mois. Il côtoie des patients très psychiatriques. Il a peur de rentrer chez lui. Il ne se sent pas assez bien pour reprendre ses études. Je lui demande de laisser le contenu de sa tête se vider dans son corps. Et de ressentir comment son corps retrouve une consistance, une présence. De laisser toutes ses peurs se vider dans son corps. Il dit que ça va. Il est détendu. Je lui dis que je le trouve très sensible et que ce serait bien de développer cette sensibilité à travers un art, le dessin, la musique. Il répond qu’il a beaucoup joué du piano. Je l’encourage à y retourner. Il ferme les yeux. Petit scan du corps. Un peu de relâché. Le fauteuil. Il me dit qu’il se sent bien. La séance se termine. Nous rejoignons ses parents dans la salle d’attente. Le père me pose des questions sur ma profession et sur l’hypnose. Je lui dis que je ne réponds pas à ces questions. Qu’il faut juste ressentir et pas analyser ou tout comprendre. David part à Londres chez son père. Je leur dis, en présence de David, que ce serait bien de poursuivre l’hypnose à Londres puisque David a ressenti un mieux-être.
Commentaires Si on s’installe dans une idée triste, un échec, un regret, une perte, un traumatisme, l’humeur devient triste et découragée. L’inverse est vrai. Si on s’attarde sur une image agréable, une légèreté, en abandonnant toute attente, l’humeur devient agréable. Un éclat de rire ou un simple sourire peut inonder la personne dite dépressive. Elle s’ouvre sur une autre possibilité de se comporter et de ressentir.
Cas n° 4... de François Roustang
Une femme gravement déprimée et même suicidaire. Après l’avoir écoutée, François Roustang lui demande : « Que ressentez-vous dans votre corps ? Est-ce que, en quelque endroit de votre corps, vous vous sentez vivante ? » Les propositions et suggestions sont autant d’exercices visant à faire ressentir ce corps qui est le seul point d’appui que nous ayons. Il n’y a rien d’autre à espérer ni à désirer, rien d’autre que ce corps installé dans le présent. La pensée se retrouve dépossédée de ses prétentions. Ses envies de domination sont désactivées. L’activité mentale va pouvoir s’installer à nouveau dans ce corps dont elle s’était éloignée. La fusion est le signe de la guérison.« La transe hypnose c’est simplement se sentir vivant. » Nous sommes en situation, dans le cabinet d’un hypnothérapeute, formé par François Roustang. La question est posée à un patient dépressif, mélancolique :« Monsieur, est-ce que vous pouvez sentir que vous êtes vivant ? Non pas vivant faisant ou pensant telle chose, mais simplement vivant ! »
Cas n° 5
Madame F., 48 ans, a une fille de 12 ans. Elle s’inquiète de tout. Elle a peur pour sa fille quand elle prend le métro pour aller seule à l’école. Tout en me parlant, elle pleure. Elle est dans une volonté de maîtrise et s’épuise dans ce contrôle obsessionnel. D’ailleurs son mari l’a quittée pour cette raison, me dit-elle. Elle a été heureuse dans son enfance mais ne peut s’empêcher de tout dramatiser. Elle s’essuie les yeux et pleure à nouveau. Elle a déjà fait deux séances d’hypnose avec peu de résultat. Je lui dis que cette attitude lui a enlevé tout son plaisir de vivre ; elle confirme. Je lui demande de s’installer dans le fauteuil. Je la sens très influençable. Elle obéit vite à mes suggestions. Elle a tout compris mais ne sait comment renoncer à cette façon d’être qui la déprime et l’isole. Je sens qu’elle doit être kinétique, physique ; alors je lui propose de serrer une main. Elle ferme le poing de la main droite. Elle serre très fort. Je lui dis qu’elle tient le problème ; sa crispation, ses peurs, etc. Je lui propose de relâcher pour entrer dans la guérison et lâcher cette envie de maîtrise. Sa main reste serrée. Ses jointures deviennent blanches à force de contracture. Malgré ma suggestion de relâcher pour se libérer, je ne vois pas sa main bouger. Alors je me tais, et j’attends. Après de longues minutes, dix, quinze, elle desserre très lentement, millimètre par millimètre, un doigt, puis un autre. Lorsque toute sa main s’ouvre et s’étire, elle ouvre les yeux et me dit en souriant : « c’est fait ! ». Je lui demande si elle veut revenir pour une autre séance. Elle me répond qu’elle va attendre de voir comment elle se sent et m’appellera si besoin.
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Cas n° 1
Madame A.M., 53 ans, consulte pour des douleurs musculaires qu’elle ressent dans tout son corps. Les rhumatologues lui ont dit qu’elle souffrait de fibromyalgie. A la maison, elle est en conflit avec son mari. Il est violent, coléreux. Il boit beaucoup d’alcool, dit-elle, et cela lui crée des crises d’agressivité à son égard. Elle a peur de lui. Elle contrôle chacun de ses mots pour éviter un conflit qui pourrait dégénérer. Un de ses fils sort de prison et ne trouve pas de travail. Elle a peur pour lui. Elle a fait une tentative de suicide l’année dernière. Sa mère a perdu six enfants qui sont morts avant terme. Elle est l’aînée de quatre enfants qui sont nés après ces six mort-nés. A 8 ans, elle devait s’occuper de ses frères et soeurs. Elle est dans un contrôle permanent. Son corps est contracturé de la tête aux pieds. Elle appréhende chaque quotidien, chaque événement. Elle anticipe de manière anxieuse son avenir. Elle est déprimée et prend un traitement antidépresseur et anxiolytique. Elle écoute des enregistrements de relaxation et de méditation sur Internet. Elle trouve qu’elle a du mal à lâcher prise. Elle parle à sa rhumatologue de son envie de recourir à l’hypnose. Sa rhumatologue me l’envoie. Je lui propose de bien s’installer dans le fauteuil. Elle le fait volontiers. Elle a de l’entraînement pour se placer et se rendre disponible à des exercices. J’ajoute qu’elle doit prendre tout en compte, tout ce qu’elle m’a décrit, ne rien refuser, ne rien fuir. Elle ferme les yeux. Je poursuis :- « Prenez les faits comme ils sont et ressentez votre impuissance à les résoudre. Immergez-vous dans cette immense piscine remplie de tous ces événements, conflits, colère, peurs…Elle ouvre les yeux :- Je préfère les fuir !- Non, l’inverse. Plongez-vous dans ce bain. »Je la laisse vivre cette expérience. Après dix minutes, elle revient, elle s’étire. Elle me dit que c’est nouveau pour elle comme exercice. Je ne la questionne pas. Elle sort de la pièce avec le sourire. Je savais que cette séance serait unique. Alors je lui demande de refaire cet exercice chez elle puisqu’elle a l’expérience de la méditation. Je ne l’ai pas revue. C’était à l’hôpital Cochin. J’ai de ses nouvelles trois mois plus tard. Elle veut une autre séance d’hypnose. Commentaires Pourquoi dire un trouble attentionnel ? Elle fixe son attention sur des faits et sur des problèmes bien réels. Plus elle fixe, plus elle est effrayée et en opposition. Son attention est restreinte. Son corps reste crispé dans une tension chronique en rapport avec cette fixité : similitude entre corps et esprit = même réaction face aux difficultés.
Cas n° 2
Madame N., 68 ans, est médecin à la retraite. Sa fille me l’envoie et l’accompagne pour soigner sa dépression qui s’est installée depuis dix ans. Elle prend des médicaments : antidépresseurs, anxiolytiques, qui ne la guérissent pas. Elle a un visage triste. Son corps est affalé dans le fauteuil. Elle était médecin scolaire. Je lui demande ce qu’elle attend de l’hypnose. Elle me répond en souriant qu’il paraît que je fais des miracles. Alors je lui demande si elle pense qu’elle peut guérir ? Elle me dit que non. Elle n’y croit pas. C’est sa fille qui a insisté pour qu’elle vienne. Sa famille est triste de la voir ainsi angoissée et passant ses journées devant la télé. Tout est angoisse. Sortir dans la rue, faire les courses est insupportable. Elle s’angoisse en pensant aux repas qu’elle doit préparer pour ses enfants. Elle pose sa main sur son sternum, le lieu de sa douleur. Elle a peu d’occupations personnelles. Je lui réponds que je ne peux rien faire si elle ne vient pas d’elle-même. Elle comprend et me dit qu’elle était angoissée de venir à cette consultation. Je lui propose de revenir lorsqu’elle sera décidée, elle, à guérir. Elle me demande si je crois à sa guérison. Je lui dis que certainement, elle peut guérir. De nouveau un petit sourire agréable sur son visage. Elle se lève et quitte la pièce. Sa fille la rejoint pour la raccompagner.
Commentaires Il est dit que le patient qui consulte, de lui-même, doit être considéré comme guéri. Ce n’est pas son cas, semble-t-il. L’hypnose ne serait rien d’autre qu’entériner une décision de guérir et de l’accompagner dans ce mouvement. Mon impression : son petit sourire qui reviendra à trois reprises me laisse penser qu’il y a une faille dans son comportement dépressif. Mais je refuse d’intervenir tant qu’elle ne vient pas d’elle-même. Je ne veux pas vouloir la guérir à sa place. Elle doit s’impliquer.
Cas n° 3
David a 20 ans. Depuis deux ans, il s’est immobilisé. Arrêt des études, envies suicidaires, hospitalisé depuis quatre mois en clinique psychiatrique, douleurs chroniques abdominales. Je lui demande d’où vient sa souffrance. Le divorce de ses parents a été très pénible pour lui et sa mère. Sa soeur, elle, a très bon caractère et un bon moral, dit-il. Les psychiatres n’ont pas évoqué de problèmes psychiatriques graves ; une simple dépression bien installée et qui réagit peu aux antidépresseurs. Il a mal au ventre. Il a peur d’avoir une maladie grave. Il développe une hypocondrie. Je lui propose de déplacer son attention vers l’extérieur. Il est trop tourné vers lui. Il pose sa main sur son genou. « Je ressens des fourmillements autour du genou, et ça m’inquiète. » J’insiste et lui demande de nouveau de poser son attention à l’extérieur : le fauteuil, les objets, la fenêtre, le plafond, les bruits de la rue, etc. Il ne me parle plus de son corps. Je lui dis que je sens qu’il a les ressources pour s’en sortir. Il sourit. Je lui demande de fermer les yeux et de ressentir tout l’espace autour de lui. Comme il prend beaucoup de médicaments, je ne sais pas si sa détente est naturelle ou chimique. La séance se termine. Il retourne dans sa clinique psychiatrique. Il revient la semaine suivante. Il dit qu’il va un peu mieux, sa mère dit qu’il est inquiet de quitter cette clinique où il est hospitalisé depuis quatre mois. Il côtoie des patients très psychiatriques. Il a peur de rentrer chez lui. Il ne se sent pas assez bien pour reprendre ses études. Je lui demande de laisser le contenu de sa tête se vider dans son corps. Et de ressentir comment son corps retrouve une consistance, une présence. De laisser toutes ses peurs se vider dans son corps. Il dit que ça va. Il est détendu. Je lui dis que je le trouve très sensible et que ce serait bien de développer cette sensibilité à travers un art, le dessin, la musique. Il répond qu’il a beaucoup joué du piano. Je l’encourage à y retourner. Il ferme les yeux. Petit scan du corps. Un peu de relâché. Le fauteuil. Il me dit qu’il se sent bien. La séance se termine. Nous rejoignons ses parents dans la salle d’attente. Le père me pose des questions sur ma profession et sur l’hypnose. Je lui dis que je ne réponds pas à ces questions. Qu’il faut juste ressentir et pas analyser ou tout comprendre. David part à Londres chez son père. Je leur dis, en présence de David, que ce serait bien de poursuivre l’hypnose à Londres puisque David a ressenti un mieux-être.
Commentaires Si on s’installe dans une idée triste, un échec, un regret, une perte, un traumatisme, l’humeur devient triste et découragée. L’inverse est vrai. Si on s’attarde sur une image agréable, une légèreté, en abandonnant toute attente, l’humeur devient agréable. Un éclat de rire ou un simple sourire peut inonder la personne dite dépressive. Elle s’ouvre sur une autre possibilité de se comporter et de ressentir.
Cas n° 4... de François Roustang
Une femme gravement déprimée et même suicidaire. Après l’avoir écoutée, François Roustang lui demande : « Que ressentez-vous dans votre corps ? Est-ce que, en quelque endroit de votre corps, vous vous sentez vivante ? » Les propositions et suggestions sont autant d’exercices visant à faire ressentir ce corps qui est le seul point d’appui que nous ayons. Il n’y a rien d’autre à espérer ni à désirer, rien d’autre que ce corps installé dans le présent. La pensée se retrouve dépossédée de ses prétentions. Ses envies de domination sont désactivées. L’activité mentale va pouvoir s’installer à nouveau dans ce corps dont elle s’était éloignée. La fusion est le signe de la guérison.« La transe hypnose c’est simplement se sentir vivant. » Nous sommes en situation, dans le cabinet d’un hypnothérapeute, formé par François Roustang. La question est posée à un patient dépressif, mélancolique :« Monsieur, est-ce que vous pouvez sentir que vous êtes vivant ? Non pas vivant faisant ou pensant telle chose, mais simplement vivant ! »
Cas n° 5
Madame F., 48 ans, a une fille de 12 ans. Elle s’inquiète de tout. Elle a peur pour sa fille quand elle prend le métro pour aller seule à l’école. Tout en me parlant, elle pleure. Elle est dans une volonté de maîtrise et s’épuise dans ce contrôle obsessionnel. D’ailleurs son mari l’a quittée pour cette raison, me dit-elle. Elle a été heureuse dans son enfance mais ne peut s’empêcher de tout dramatiser. Elle s’essuie les yeux et pleure à nouveau. Elle a déjà fait deux séances d’hypnose avec peu de résultat. Je lui dis que cette attitude lui a enlevé tout son plaisir de vivre ; elle confirme. Je lui demande de s’installer dans le fauteuil. Je la sens très influençable. Elle obéit vite à mes suggestions. Elle a tout compris mais ne sait comment renoncer à cette façon d’être qui la déprime et l’isole. Je sens qu’elle doit être kinétique, physique ; alors je lui propose de serrer une main. Elle ferme le poing de la main droite. Elle serre très fort. Je lui dis qu’elle tient le problème ; sa crispation, ses peurs, etc. Je lui propose de relâcher pour entrer dans la guérison et lâcher cette envie de maîtrise. Sa main reste serrée. Ses jointures deviennent blanches à force de contracture. Malgré ma suggestion de relâcher pour se libérer, je ne vois pas sa main bouger. Alors je me tais, et j’attends. Après de longues minutes, dix, quinze, elle desserre très lentement, millimètre par millimètre, un doigt, puis un autre. Lorsque toute sa main s’ouvre et s’étire, elle ouvre les yeux et me dit en souriant : « c’est fait ! ». Je lui demande si elle veut revenir pour une autre séance. Elle me répond qu’elle va attendre de voir comment elle se sent et m’appellera si besoin.
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Dr Jean-Marc BENHAIEM
Médecin-hypnothérapeute, praticien en centre de traitement de la douleur à l’Hôtel-Dieu (Paris). Dirige le diplôme universitaire d’Hypnose médicale à Paris-VI (Pitié-Salpêtrière) et a publié plusieurs livres autour de la pratique de l’hypnose en médecine chez Odile Jacob (L’hypnose ou les portes de la guérison, avec François Roustang), Albin Michel, Trédaniel, In Press.
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Cet ouvrage de 228 pages analyse la dépression et les traitements de cette maladie qui frappe à un moment ou à un autre, selon l’OMS, 15% de la population mondiale de 15 à 75 ans. Les dix neufs auteurs qui contribuent à ce hors-série témoignent chacun à sa manière d’un savoir-faire en matière de prise en charge des patients déprimés. Loin des thérapies standardisées et de l’utilisation des psychotropes, ils montrent la singularité de chaque séance et invitent le lecteur à s’étonner, réfléchir et expérimenter pour sa propre pratique. Catherine Leloutre-Guibert a coordonné ce hors-série avec Sophie Cohen, rédactrice en chef.
Sommaire :
Douleur chronique et dépression. D. Le Breton
La dépression : un trouble attentionnel ? J.-M. Benhaiem
La grossesse, le devenir parent. H. Saulnier
Attitudes paradoxales. V. Torres-Lacaze et G. Delannoy
Plutôt que la drogue. D. Roberts
Naître dans la dépression maternelle. E. Bardot
Le deuil au pays de l’individualisme. J. Betbèze
L’hypnose dans la dépression du sujet âgé. M. Floccia, S. Lagouarde et M. Le Rudulier
Un exemple de la thérapie stratégique. D. Vergriete
Le médecin généraliste face à un patient dépressif. P. Le Grand
Trois questions pour créer des petits bonheurs. M.-C. Cabié
L’hypnose pour reprendre vie. C. Leloutre-Guibert
Mémoire du futur. M. Nannini
Stratégies thérapeutiques dans la dépression. W. Martineau
Dermatoses chroniques. V. Bonnet
Antidépresseurs, un long sevrage. C. Virot
Pour acheter ce numéro de la Revue Hypnose & Thérapies Brèves à l’unité, ou vous abonner, cliquez ici
Sommaire :
Douleur chronique et dépression. D. Le Breton
La dépression : un trouble attentionnel ? J.-M. Benhaiem
La grossesse, le devenir parent. H. Saulnier
Attitudes paradoxales. V. Torres-Lacaze et G. Delannoy
Plutôt que la drogue. D. Roberts
Naître dans la dépression maternelle. E. Bardot
Le deuil au pays de l’individualisme. J. Betbèze
L’hypnose dans la dépression du sujet âgé. M. Floccia, S. Lagouarde et M. Le Rudulier
Un exemple de la thérapie stratégique. D. Vergriete
Le médecin généraliste face à un patient dépressif. P. Le Grand
Trois questions pour créer des petits bonheurs. M.-C. Cabié
L’hypnose pour reprendre vie. C. Leloutre-Guibert
Mémoire du futur. M. Nannini
Stratégies thérapeutiques dans la dépression. W. Martineau
Dermatoses chroniques. V. Bonnet
Antidépresseurs, un long sevrage. C. Virot
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