
Crédit photo: Caroline Berthet
SPH... Trois lettres pour désigner un travail mené avec les suggestions post-hypnotiques, réalisé ici sur une patiente de 16 ans en attente d’une opération de chirurgie orthopédique. L’objectif : apaiser une forte anxiété, préparer aux différentes étapes de l’opération, recadrer la douleur, insuffler du confort et de la détente pour mieux aborder la voie de la guérison.
Depuis longtemps, tu es obligé de porter un corset, qui entrave tes mouvements et limite tes actions. « C’est pour ton bien ! », te répète-t-on. Les consultations et les examens radiologiques se succèdent années après années, tout au long de ta croissance. De praticiens en praticiens, de consultations en consultations, tu es guidé. Et puis un jour, on t’explique que tu dois être opéré de cette scoliose idiopathique devenue trop importante. Que l’on va mettre en place des implants métalliques le long de ta colonne vertébrale afin de la redresser. Depuis ton plus jeune âge tu as suivi et respecté les consignes et aujourd’hui tu es face à cette nécessité, avec toute l’angoisse que cela comporte.
Comment te redonner la possibilité de retrouver enfin le premier rôle dans le film de ta vie ? Proposer aux parents et aux enfants une préparation par l’hypnose en amont de cette chirurgie lourde, invalidante, douloureuse et très anxiogène. Du port du corset thoracique, en passant par une préparation spécifique dans un établissement de rééducation. Un long travail en kinésithérapie est imposé aux enfants, extensions sur des brancards de traction, exercices respiratoires destinés à améliorer le recrutement pulmonaire, apprentissage des techniques de mobilisation en bloc pour faciliter les levers et permettre de réaliser les gestes de la vie quotidienne en épargnant la colonne vertébrale.
Avec bien évidemment un suivi post-opératoire tout aussi pesant, qui nécessite plusieurs jours en réanimation afin de gérer la douleur, les nausées, les vomissements, la reprise du transit, les pansements chirurgicaux et les mobilisations jusqu’au premier lever, suivi d’un séjour en service de chirurgie pour finir par le retour en service de rééducation fonctionnelle.
OBJECTIF DE TRAVAIL ET TECHNIQUES D’HYPNOANALGÉSIE.
L’objectif de cet accompagnement hypnotique est multiple. Il vise à réduire l’anxiété préopératoire, à recadrer et agir sur la douleur, à redonner un sentiment de contrôle au patient et enfin à favoriser une réhabilitation précoce. Le protocole propose deux séances d’hypnose en préopératoire à une semaine d’intervalle, ce qui permet de laisser émerger les demandes, les remarques éventuelles des enfants ou des parents. La première séance consiste à établir la relation de confiance indispensable à toute prise en charge.
Démystifier l’hypnose, expliquer comment on se prépare et surtout pourquoi cela a un ressenti positif. Répondre aux interrogations, reformuler, recadrer, obtenir un « yes set », délivrer les autorisations et accompagner l’enfant dans la recherche de son souvenir agréable ou de son lieu sécure actif. Puis le guider vers une transe, valider un signaling et enfin réaliser un ancrage. Suit le débriefing de la séance, une prescription de tâche, autohypnose et pour finir la prise de rendez-vous pour la semaine qui suit. Evocation de la séance prochaine avec l’anticipation agréablement surprenante du jour J. La deuxième séance consiste à évoquer la tâche. A-t-elle été réalisée ? Si non, qu’a fait l’enfant de plus utile pour lui ? Puis proposer à l’enfant de se mettre en autohypnose avec son geste en l’accompagnant pour s’assurer de la qualité de l’ancrage. Retrouver le lieu sécure actif, permettre une double dissociation avec une anticipation au jour de la chirurgie. Le travail de suggestion est axé sur la prémédication, le relâchement musculaire, le contrôle du saignement, la cicatrisation et le recadrage de la douleur. Enfin, un soin est porté sur les suggestions concernant la prise en charge en réanimation avec l’évocation d’une facilité pour l’élimination, la réalimentation, le confort, la détente et une réhabilitation rapide. Comme lors de la séance précédente, on réalise un débriefing, on répond aux questions et on se donne rendez-vous pour le jour libérateur.
CAS CLINIQUE
Présentation C. a 16 ans et doit bénéficier d’une ostéosynthèse du rachis. On note dans les antécédents chirurgicaux, à l’âge de 9 ans, une fracture des deux os de l’avant-bras lors d’une chute en quad qui a nécessité une intervention au bloc opératoire. Lors du réveil, C. présente une agitation très importante, des nausées et vomissements post-opératoires (NVPO). Il est noté un contexte d’anxiété très important chez C. et ses parents. Le chirurgien orthopédique propose donc à C. et sa famille un accompagnement par l’hypnose en vue de sa chirurgie future.
Chacun adhère favorablement à cette proposition. La maman me contacte pour la prise de rendez-vous. Elle me dit être très soulagée de cette prise en charge. L’échange téléphonique est très cordial. Première séance Je rencontre C. et sa maman au centre de rééducation. Nous nous installons dans une salle avec des fauteuils et des tapis. Je demande à C. où elle souhaite s’installer ? Elle choisit un fauteuil, j’invite la maman à s’asseoir sur celui de son choix et enfin je me positionne sur le dernier fauteuil. Je leur demande si elles ont déjà entendu parler de l’hypnose et si elles en ont déjà bénéficié. C. me parle de spectacle. J’assure un recadrage. J’explique ce qu’est l’hypnose médicale et comment ça marche. M’adressant à C. : « Lorsque tu es en cours, il t’arrive d’avoir la tête ailleurs, ton prof parle et pourtant, tout en étant là, tes pensées sont ailleurs » (signe de tête affirmatif).
« Vous Madame, en rentrant à la maison en voiture, ne vous êtes-vous jamais surprise à ne plus vous souvenir d’avoir déjà passé ce feu ? (sourire et signe de la tête). C’est un phénomène dissociatif naturel qui se produit plusieurs fois au cours d’une journée, c’est normal et c’est ce phénomène que j’utilise avec l’hypnose. » M’adressant à C. : « En fait, tu sais déjà parfaitement le faire et je vais juste te donner quelques techniques pour que tu puisses utiliser cette capacité que tu as afin d’aider Emilie (c’est le prénom de la chirurgienne avec laquelle elle s’entend très bien) ». Mise en place de l’alliance thérapeutique. Je m’assure qu’elle est bien d’accord pour faire une expérience qui va l’aider à faciliter les gestes du chirurgien. Je n’utilise pas le terme « exercice », car la journée de l’enfant est déjà rythmée par les exercices de kinésithérapie et je ne souhaite pas en rajouter.
Au cours de notre échange, je valide une suite de oui « yes set ». En accord avec C., je propose à la maman de rester pour la séance si elle le souhaite. Je recherche les centres d’intérêt, j’évoque un endroit sécure, un souvenir agréable, les vacances, le sport... C. choisit un circuit moto, car c’est une passion familiale. J’explique que je vais l’accompagner dans cet endroit, et lorsqu’elle s’y trouvera, elle me le fera savoir par un signe de tête ou de doigt (signaling).
Puis je lui demande de choisir un geste, croiser les doigts par exemple, afin de retrouver très facilement ce lieu et les sensations de bien-être, de confort pré-supposé. Je les invite toutes deux à s’installer le plus confortablement possible et je délivre toutes les autorisations, bouger, parler, ouvrir ou fermer les yeux... se sentir libre de faire ce qu’elles veulent. Entendre ou non les bruits qui nous entourent, écouter ma voix (inclusion)... J’obtiens une succession de « oui » qui me permet de valider le « yes set » avant de débuter la séance. Je m’assure qu’elles sont toutes deux confortablement installées. J’utilise une induction respiratoire pour favoriser l’induction d’anesthésie au masque.
Ayant travaillé la respiration avec la kinésithérapeute, C. se sent parfaitement à l’aise, je la félicite, elle sait parfaitement faire les choses... Simplement laisser l’air pénétrer par le nez ou par la bouche sans rien changer, puis en suivre le trajet sans effort, simplement... Approfondissement avec le body scanner : prêter attention aux points d’appui, différence entre la jambe droite... la jambe gauche... ressentir une lourdeur, une légèreté ou tout autre chose, position des bras (confusion). Un relâchement dans les mollets, les cuisses, les épaules, les bras, les muscles de la nuque, du visage, les muscles autour des yeux, avec des mouvements derrière l’écran des paupières fermées (C. a fermé les yeux), puis retour à la respiration pour se rendre compte comme la respiration est devenue encore plus calme, plus confortable, et comme le ventre accompagne la respiration tranquillement, calmement... Profiter de cette respiration pour souffler ce qui n’est plus utile, ce dont elle n’a plus besoin. Emprunter le chemin de son choix avec évocation du VAKOG et apercevoir une porte qu’elle imagine comme elle le souhaite... couleur... matériaux... taille décoration... Enfin, ouvrir cette porte pour entrer dans son endroit de sécurité. Je l’invite à s’installer encore plus confortablement... reprise du body scanner... appuis sur... moto (VAKOG)... les voix, les odeurs, les moteurs... se sentir calme, paisible, tranquille, profiter de ce moment... Je constate les signes de transe au niveau des muscles du visage, des mouvements oculaires, un relâchement des épaules (ratification et félicitations). Je m’assure que C. est bien dans cet endroit où elle se sent bien par un signaling, elle me fait oui de la tête, alors je lui demande de faire son geste (ancrage). Elle croise les doigts... Validation, félicitations.
- Suggestions post-hypnotiques (SPH) : elle retrouvera le confort de cet endroit, sans effort, simplement en faisant ce geste, en fermant les yeux et en laissant la respiration respirer comme elle respire... Elle peut utiliser ce geste chaque fois qu’elle en ressent le besoin, très simplement. Elle peut profiter de ce moment et garder cet état de détente pour les heures, les jours, les semaines qui viennent. Elle peut prendre ce qui est utile pour elle et laisser ce dont elle n’a plus besoin en sachant qu’elle peut toujours le retrouver si elle le souhaite, en laissant l’inconscient se souvenir de ce qui est nécessaire, afin que les choses se passent simplement comme elles doivent se passer. Apprécier le relâchement musculaire, le dos est très relâché, confortable, parfaitement détendu... Le corps sait très bien faire cela. Métaphore de la poupée de chiffon.
- Retour : lorsque tu auras assez profité, lorsque tu auras pris ce qui est utile pour toi et ce dont tu as besoin, tu peux reprendre le chemin, à ton rythme, et revenir dans cette pièce au centre de rééducation.
- Débriefing : sur le ressenti de la séance, si certaines choses ont dérangé, ou si elles souhaitent me faire part de quoi que ce soit. La maman me dit être bien détendue, mais ne pas avoir fait ce que j’ai suggéré. Je lui dis que c’est très bien et qu’elle a certainement fait ce qui était utile pour elle à ce moment précis. C. qui me sourit : « Ouah ! c’est ouf votre truc ! C’est trop bien, je ne voulais pas revenir ! » Je demande à C. si elle a réussi à aller dans son endroit. Elle confirme que oui. Je lui demande si elle a des questions ou des remarques sur cette expérience, s’il y a des choses qui l’ont gênée ou qu’elle souhaite faire différemment la prochaine fois. Je lui précise que c’est important de me le dire pour qu’on puisse être encore plus efficaces toutes les deux la séance prochaine. Elle me précise ne rien vouloir changer. Je vérifie que toutes deux sont d’accord pour bénéficier d’une seconde séance d’hypnose. Tout le monde est volontaire, alors je propose à C. de faire quelque chose qui va être très utile pour elle, pour la chirurgie et pour Emilie la chirurgienne qui va l’opérer.
- Prescription de tâches : je demande à C., jusqu’à notre prochaine rencontre, de réaliser chaque jour au moment de son choix, lorsqu’elle est confortablement installée, le geste qu’elle a choisi et laisser simplement revenir les sensations en fermant les yeux, en se concentrant sur sa respiration et en sentant la position de son corps comme on vient de le faire. Je compare l’autohypnose à la moto : « plus on en fait et plus ça devient simple ». Un rendez-vous est convenu avec C. et sa maman pour la semaine suivante. Je dis à C. que notre prochaine séance sera une révision de sa chirurgie, un peu comme on révise une leçon avant un examen et qu’on sait qu’on est parfaitement prêt et rassuré. « Tu es OK avec ça ? » Comme C. est d’accord, je lui propose…
Depuis longtemps, tu es obligé de porter un corset, qui entrave tes mouvements et limite tes actions. « C’est pour ton bien ! », te répète-t-on. Les consultations et les examens radiologiques se succèdent années après années, tout au long de ta croissance. De praticiens en praticiens, de consultations en consultations, tu es guidé. Et puis un jour, on t’explique que tu dois être opéré de cette scoliose idiopathique devenue trop importante. Que l’on va mettre en place des implants métalliques le long de ta colonne vertébrale afin de la redresser. Depuis ton plus jeune âge tu as suivi et respecté les consignes et aujourd’hui tu es face à cette nécessité, avec toute l’angoisse que cela comporte.
Comment te redonner la possibilité de retrouver enfin le premier rôle dans le film de ta vie ? Proposer aux parents et aux enfants une préparation par l’hypnose en amont de cette chirurgie lourde, invalidante, douloureuse et très anxiogène. Du port du corset thoracique, en passant par une préparation spécifique dans un établissement de rééducation. Un long travail en kinésithérapie est imposé aux enfants, extensions sur des brancards de traction, exercices respiratoires destinés à améliorer le recrutement pulmonaire, apprentissage des techniques de mobilisation en bloc pour faciliter les levers et permettre de réaliser les gestes de la vie quotidienne en épargnant la colonne vertébrale.
Avec bien évidemment un suivi post-opératoire tout aussi pesant, qui nécessite plusieurs jours en réanimation afin de gérer la douleur, les nausées, les vomissements, la reprise du transit, les pansements chirurgicaux et les mobilisations jusqu’au premier lever, suivi d’un séjour en service de chirurgie pour finir par le retour en service de rééducation fonctionnelle.
OBJECTIF DE TRAVAIL ET TECHNIQUES D’HYPNOANALGÉSIE.
L’objectif de cet accompagnement hypnotique est multiple. Il vise à réduire l’anxiété préopératoire, à recadrer et agir sur la douleur, à redonner un sentiment de contrôle au patient et enfin à favoriser une réhabilitation précoce. Le protocole propose deux séances d’hypnose en préopératoire à une semaine d’intervalle, ce qui permet de laisser émerger les demandes, les remarques éventuelles des enfants ou des parents. La première séance consiste à établir la relation de confiance indispensable à toute prise en charge.
Démystifier l’hypnose, expliquer comment on se prépare et surtout pourquoi cela a un ressenti positif. Répondre aux interrogations, reformuler, recadrer, obtenir un « yes set », délivrer les autorisations et accompagner l’enfant dans la recherche de son souvenir agréable ou de son lieu sécure actif. Puis le guider vers une transe, valider un signaling et enfin réaliser un ancrage. Suit le débriefing de la séance, une prescription de tâche, autohypnose et pour finir la prise de rendez-vous pour la semaine qui suit. Evocation de la séance prochaine avec l’anticipation agréablement surprenante du jour J. La deuxième séance consiste à évoquer la tâche. A-t-elle été réalisée ? Si non, qu’a fait l’enfant de plus utile pour lui ? Puis proposer à l’enfant de se mettre en autohypnose avec son geste en l’accompagnant pour s’assurer de la qualité de l’ancrage. Retrouver le lieu sécure actif, permettre une double dissociation avec une anticipation au jour de la chirurgie. Le travail de suggestion est axé sur la prémédication, le relâchement musculaire, le contrôle du saignement, la cicatrisation et le recadrage de la douleur. Enfin, un soin est porté sur les suggestions concernant la prise en charge en réanimation avec l’évocation d’une facilité pour l’élimination, la réalimentation, le confort, la détente et une réhabilitation rapide. Comme lors de la séance précédente, on réalise un débriefing, on répond aux questions et on se donne rendez-vous pour le jour libérateur.
CAS CLINIQUE
Présentation C. a 16 ans et doit bénéficier d’une ostéosynthèse du rachis. On note dans les antécédents chirurgicaux, à l’âge de 9 ans, une fracture des deux os de l’avant-bras lors d’une chute en quad qui a nécessité une intervention au bloc opératoire. Lors du réveil, C. présente une agitation très importante, des nausées et vomissements post-opératoires (NVPO). Il est noté un contexte d’anxiété très important chez C. et ses parents. Le chirurgien orthopédique propose donc à C. et sa famille un accompagnement par l’hypnose en vue de sa chirurgie future.
Chacun adhère favorablement à cette proposition. La maman me contacte pour la prise de rendez-vous. Elle me dit être très soulagée de cette prise en charge. L’échange téléphonique est très cordial. Première séance Je rencontre C. et sa maman au centre de rééducation. Nous nous installons dans une salle avec des fauteuils et des tapis. Je demande à C. où elle souhaite s’installer ? Elle choisit un fauteuil, j’invite la maman à s’asseoir sur celui de son choix et enfin je me positionne sur le dernier fauteuil. Je leur demande si elles ont déjà entendu parler de l’hypnose et si elles en ont déjà bénéficié. C. me parle de spectacle. J’assure un recadrage. J’explique ce qu’est l’hypnose médicale et comment ça marche. M’adressant à C. : « Lorsque tu es en cours, il t’arrive d’avoir la tête ailleurs, ton prof parle et pourtant, tout en étant là, tes pensées sont ailleurs » (signe de tête affirmatif).
« Vous Madame, en rentrant à la maison en voiture, ne vous êtes-vous jamais surprise à ne plus vous souvenir d’avoir déjà passé ce feu ? (sourire et signe de la tête). C’est un phénomène dissociatif naturel qui se produit plusieurs fois au cours d’une journée, c’est normal et c’est ce phénomène que j’utilise avec l’hypnose. » M’adressant à C. : « En fait, tu sais déjà parfaitement le faire et je vais juste te donner quelques techniques pour que tu puisses utiliser cette capacité que tu as afin d’aider Emilie (c’est le prénom de la chirurgienne avec laquelle elle s’entend très bien) ». Mise en place de l’alliance thérapeutique. Je m’assure qu’elle est bien d’accord pour faire une expérience qui va l’aider à faciliter les gestes du chirurgien. Je n’utilise pas le terme « exercice », car la journée de l’enfant est déjà rythmée par les exercices de kinésithérapie et je ne souhaite pas en rajouter.
Au cours de notre échange, je valide une suite de oui « yes set ». En accord avec C., je propose à la maman de rester pour la séance si elle le souhaite. Je recherche les centres d’intérêt, j’évoque un endroit sécure, un souvenir agréable, les vacances, le sport... C. choisit un circuit moto, car c’est une passion familiale. J’explique que je vais l’accompagner dans cet endroit, et lorsqu’elle s’y trouvera, elle me le fera savoir par un signe de tête ou de doigt (signaling).
Puis je lui demande de choisir un geste, croiser les doigts par exemple, afin de retrouver très facilement ce lieu et les sensations de bien-être, de confort pré-supposé. Je les invite toutes deux à s’installer le plus confortablement possible et je délivre toutes les autorisations, bouger, parler, ouvrir ou fermer les yeux... se sentir libre de faire ce qu’elles veulent. Entendre ou non les bruits qui nous entourent, écouter ma voix (inclusion)... J’obtiens une succession de « oui » qui me permet de valider le « yes set » avant de débuter la séance. Je m’assure qu’elles sont toutes deux confortablement installées. J’utilise une induction respiratoire pour favoriser l’induction d’anesthésie au masque.
Ayant travaillé la respiration avec la kinésithérapeute, C. se sent parfaitement à l’aise, je la félicite, elle sait parfaitement faire les choses... Simplement laisser l’air pénétrer par le nez ou par la bouche sans rien changer, puis en suivre le trajet sans effort, simplement... Approfondissement avec le body scanner : prêter attention aux points d’appui, différence entre la jambe droite... la jambe gauche... ressentir une lourdeur, une légèreté ou tout autre chose, position des bras (confusion). Un relâchement dans les mollets, les cuisses, les épaules, les bras, les muscles de la nuque, du visage, les muscles autour des yeux, avec des mouvements derrière l’écran des paupières fermées (C. a fermé les yeux), puis retour à la respiration pour se rendre compte comme la respiration est devenue encore plus calme, plus confortable, et comme le ventre accompagne la respiration tranquillement, calmement... Profiter de cette respiration pour souffler ce qui n’est plus utile, ce dont elle n’a plus besoin. Emprunter le chemin de son choix avec évocation du VAKOG et apercevoir une porte qu’elle imagine comme elle le souhaite... couleur... matériaux... taille décoration... Enfin, ouvrir cette porte pour entrer dans son endroit de sécurité. Je l’invite à s’installer encore plus confortablement... reprise du body scanner... appuis sur... moto (VAKOG)... les voix, les odeurs, les moteurs... se sentir calme, paisible, tranquille, profiter de ce moment... Je constate les signes de transe au niveau des muscles du visage, des mouvements oculaires, un relâchement des épaules (ratification et félicitations). Je m’assure que C. est bien dans cet endroit où elle se sent bien par un signaling, elle me fait oui de la tête, alors je lui demande de faire son geste (ancrage). Elle croise les doigts... Validation, félicitations.
- Suggestions post-hypnotiques (SPH) : elle retrouvera le confort de cet endroit, sans effort, simplement en faisant ce geste, en fermant les yeux et en laissant la respiration respirer comme elle respire... Elle peut utiliser ce geste chaque fois qu’elle en ressent le besoin, très simplement. Elle peut profiter de ce moment et garder cet état de détente pour les heures, les jours, les semaines qui viennent. Elle peut prendre ce qui est utile pour elle et laisser ce dont elle n’a plus besoin en sachant qu’elle peut toujours le retrouver si elle le souhaite, en laissant l’inconscient se souvenir de ce qui est nécessaire, afin que les choses se passent simplement comme elles doivent se passer. Apprécier le relâchement musculaire, le dos est très relâché, confortable, parfaitement détendu... Le corps sait très bien faire cela. Métaphore de la poupée de chiffon.
- Retour : lorsque tu auras assez profité, lorsque tu auras pris ce qui est utile pour toi et ce dont tu as besoin, tu peux reprendre le chemin, à ton rythme, et revenir dans cette pièce au centre de rééducation.
- Débriefing : sur le ressenti de la séance, si certaines choses ont dérangé, ou si elles souhaitent me faire part de quoi que ce soit. La maman me dit être bien détendue, mais ne pas avoir fait ce que j’ai suggéré. Je lui dis que c’est très bien et qu’elle a certainement fait ce qui était utile pour elle à ce moment précis. C. qui me sourit : « Ouah ! c’est ouf votre truc ! C’est trop bien, je ne voulais pas revenir ! » Je demande à C. si elle a réussi à aller dans son endroit. Elle confirme que oui. Je lui demande si elle a des questions ou des remarques sur cette expérience, s’il y a des choses qui l’ont gênée ou qu’elle souhaite faire différemment la prochaine fois. Je lui précise que c’est important de me le dire pour qu’on puisse être encore plus efficaces toutes les deux la séance prochaine. Elle me précise ne rien vouloir changer. Je vérifie que toutes deux sont d’accord pour bénéficier d’une seconde séance d’hypnose. Tout le monde est volontaire, alors je propose à C. de faire quelque chose qui va être très utile pour elle, pour la chirurgie et pour Emilie la chirurgienne qui va l’opérer.
- Prescription de tâches : je demande à C., jusqu’à notre prochaine rencontre, de réaliser chaque jour au moment de son choix, lorsqu’elle est confortablement installée, le geste qu’elle a choisi et laisser simplement revenir les sensations en fermant les yeux, en se concentrant sur sa respiration et en sentant la position de son corps comme on vient de le faire. Je compare l’autohypnose à la moto : « plus on en fait et plus ça devient simple ». Un rendez-vous est convenu avec C. et sa maman pour la semaine suivante. Je dis à C. que notre prochaine séance sera une révision de sa chirurgie, un peu comme on révise une leçon avant un examen et qu’on sait qu’on est parfaitement prêt et rassuré. « Tu es OK avec ça ? » Comme C. est d’accord, je lui propose…
Rachel Rey
Infirmière anesthésiste en pédiatrie au CHU de Nancy depuis 2004. Accompagne les enfants avec l’hypnose en pré, per et post-opératoire. Intervenante à l’école d’IADE pour la prise en charge du nourrisson et de l’enfant. Diplôme universitaire des Techniques d’épuration extrarénale à Strasbourg. Formation hypnose médicale et hypnoanalgésie à l’IFH, hypnose et thérapies brèves à l’Institut UTHyL à Nancy.
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N°76 : Fév. / Mars / Avril 2025
Effet placebo, dialogue stratégique.
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°76 :
. Dominique Megglé est parti quelques jours en mission avec MacGyver pour trouver le secret de la thérapie réussie. Cet article concerne tous les bricoleurs avisés, adeptes du couteau suisse de la relation humaine. Dominique est revenu de sa mission avec une grande découverte : le placebo. Comment faire pour retrouver cette piste ? Il nous suggère d’accepter d’être « démuni, pauvre, à sec, sans idée », pour pouvoir bricoler « comme un cheval adroit ou un chien de chasse rusé ». La technique pour la technique, voilà le piège.
. Thierry Piccoli nous décrit l’importance du dialogue stratégique pour rejoindre l’autre dans son monde de peur et préparer l’engagement dans la tâche thérapeutique afin de bloquer les tentatives de solution. A travers la situation de Corinne, prisonnière d’attaques de panique, il nous montre avec précision comment ce dialogue recadre la situation en permettant une expérience émotionnelle correctrice.
. Nous faire découvrir Milton Erickson comme un patient est le challenge que nous offre Blandine Rossi-Bouchet. Cet article original nous amène à percevoir Milton Erickson du côté de ses symptômes (séquelles de dyslexie, aphasie, dysarthrie, douleurs récurrentes), et à découvrir comment ces épreuves l’ont conduit à développer sa créativité et sa résilience.
Vous lirez dans l’« Espace Douleur Douceur » l’introduction de Gérard Ostermann qui nous présente trois articles : celui de Marc Galy nous montre, avec la situation d’une jeune femme présentant un cancer du sein, comment remettre en mouvement les processus d’anticipation à partir de la présence partagée. Rachel Rey aborde l’intérêt de l’hypnose en préopératoire chez les enfants atteints de scoliose. Maud-Roxane Delatte nous offre une belle expérience concernant l’hypnose et la rééducation de la main en post-opératoire.
. Le dossier thématique est centré sur la gériatrie. Sophie Richet-Jacob nous présente trois cas cliniques concernant le traitement du trauma chez le sujet âgé : deux sont en lien avec la guerre, le troisième cas est en lien avec des violences conjugales et tentative d’assassinat. Elle évoque la méthode de l’Haptic Gamma Embodiement (HGE) pour préparer le travail sur les mouvements alternatifs et les changements de scénarios, avec utilisation éventuelle de Playmobils.
. Marie Floccia et Geneviève Perennou nous montrent l’importance de l’hypnose pour accompagner les personnes atteintes de troubles neurocognitifs et leurs aidants. Elles illustrent leur propos avec le cas de Madame Jeanne, 84 ans. Cet article montre les spécificités de la transe chez les personnes âgées et l’importance de retrouver l’estime de soi à travers des expériences de fierté.
. Serge Sirvain et Guillaume Belouriez utilisent l’hypnose dans une lecture systémique pour améliorer la qualité de vie des patients en soins palliatifs. Avec deux situations cliniques, les auteurs illustrent l’intérêt de ce lien épistémologique pour pouvoir répondre de manière éthique à ces situations complexes.
Les rubriques :
Enfin, vous retrouvrerez vos rubriques préférées de Stefano Colombo et Muhuc sur le temps qui passe, de Sophie Cohen sur la peur de tomber dans l’abîme, d’Adrian Chaboche sur le mouvement pour retrouver la vie, et de Sylvie Le Pelletier-Beaufond qui nous emmène au Mali pour découvrir le kotéba, thérapie inspirée du théâtre traditionnel.
Crédit photo: Caroline Berthet
Effet placebo, dialogue stratégique.
Julien Betbèze, rédacteur en chef, nous présente ce n°76 :
. Dominique Megglé est parti quelques jours en mission avec MacGyver pour trouver le secret de la thérapie réussie. Cet article concerne tous les bricoleurs avisés, adeptes du couteau suisse de la relation humaine. Dominique est revenu de sa mission avec une grande découverte : le placebo. Comment faire pour retrouver cette piste ? Il nous suggère d’accepter d’être « démuni, pauvre, à sec, sans idée », pour pouvoir bricoler « comme un cheval adroit ou un chien de chasse rusé ». La technique pour la technique, voilà le piège.
. Thierry Piccoli nous décrit l’importance du dialogue stratégique pour rejoindre l’autre dans son monde de peur et préparer l’engagement dans la tâche thérapeutique afin de bloquer les tentatives de solution. A travers la situation de Corinne, prisonnière d’attaques de panique, il nous montre avec précision comment ce dialogue recadre la situation en permettant une expérience émotionnelle correctrice.
. Nous faire découvrir Milton Erickson comme un patient est le challenge que nous offre Blandine Rossi-Bouchet. Cet article original nous amène à percevoir Milton Erickson du côté de ses symptômes (séquelles de dyslexie, aphasie, dysarthrie, douleurs récurrentes), et à découvrir comment ces épreuves l’ont conduit à développer sa créativité et sa résilience.
Vous lirez dans l’« Espace Douleur Douceur » l’introduction de Gérard Ostermann qui nous présente trois articles : celui de Marc Galy nous montre, avec la situation d’une jeune femme présentant un cancer du sein, comment remettre en mouvement les processus d’anticipation à partir de la présence partagée. Rachel Rey aborde l’intérêt de l’hypnose en préopératoire chez les enfants atteints de scoliose. Maud-Roxane Delatte nous offre une belle expérience concernant l’hypnose et la rééducation de la main en post-opératoire.
. Le dossier thématique est centré sur la gériatrie. Sophie Richet-Jacob nous présente trois cas cliniques concernant le traitement du trauma chez le sujet âgé : deux sont en lien avec la guerre, le troisième cas est en lien avec des violences conjugales et tentative d’assassinat. Elle évoque la méthode de l’Haptic Gamma Embodiement (HGE) pour préparer le travail sur les mouvements alternatifs et les changements de scénarios, avec utilisation éventuelle de Playmobils.
. Marie Floccia et Geneviève Perennou nous montrent l’importance de l’hypnose pour accompagner les personnes atteintes de troubles neurocognitifs et leurs aidants. Elles illustrent leur propos avec le cas de Madame Jeanne, 84 ans. Cet article montre les spécificités de la transe chez les personnes âgées et l’importance de retrouver l’estime de soi à travers des expériences de fierté.
. Serge Sirvain et Guillaume Belouriez utilisent l’hypnose dans une lecture systémique pour améliorer la qualité de vie des patients en soins palliatifs. Avec deux situations cliniques, les auteurs illustrent l’intérêt de ce lien épistémologique pour pouvoir répondre de manière éthique à ces situations complexes.
Les rubriques :
Enfin, vous retrouvrerez vos rubriques préférées de Stefano Colombo et Muhuc sur le temps qui passe, de Sophie Cohen sur la peur de tomber dans l’abîme, d’Adrian Chaboche sur le mouvement pour retrouver la vie, et de Sylvie Le Pelletier-Beaufond qui nous emmène au Mali pour découvrir le kotéba, thérapie inspirée du théâtre traditionnel.
Crédit photo: Caroline Berthet