Quel meilleur endroit qu’un cinéma pour se divertir ! Et nous savons tous que le divertissement est un très bon moyen de focalisation. Le cinéma permet, en plus du divertissement, la sollicitation des canaux sensoriels. Le visuel avec cette multitude d’images en mouvement projetées sur un écran immense, l’auditif, grâce à la bande-son du film qui arrive de part et d’autre de la salle plus ou moins fort, plus ou moins musical... Certains cinémas proposent même le kinesthésique avec des sièges qui bougent, des gouttelettes d’eau qui viennent caresser ou fouetter le visage... L’olfactif est souvent présent : ces salles obscures ont généralement une odeur particulière. Celle inexplicable de la salle de cinéma !
Pour que le spectateur profite pleinement, plusieurs personnes s’activent dans l’ombre. D’abord la personne qui vous accueille à l’entrée, celle à qui l’on règle sa place et qui nous donne le sésame pour pouvoir rentrer dans la salle. Il y a aussi le projectionniste, celui qui gère toute la partie technique de la salle : son, lumières et film.
Le choix du film sera également très important et un bon acteur est essentiel à une bonne histoire... La technique du cinéma utilisée en hypnose est une technique de multi-dissociation. Elle peut sembler difficile à mettre en oeuvre, cependant si on a bien compris les dissociations successives, elle peut être un outil très intéressant. Elle sera utilisée, en particulier, pour aider les patients phobiques. Lors de l’utilisation de cette technique, il ne faudra pas oublier d’utiliser tout ce que ces salles peuvent nous apporter pour stimuler tous les canaux sensoriels. N’oublions pas que le cinéma utilise beaucoup de codes de l’hypnose : illusions, divertissement... Tout cela pour générer des émotions chez le spectateur.
Après avoir identifié la phobie, le thérapeute propose à son patient cette technique d’hypnose qui lui permettra de surmonter ses craintes. Après accord de ce dernier, le thérapeute explique à son patient les tenants et aboutissants de cette technique avant de commencer la séance. Patient et thérapeute conviennent ensemble du film qui sera projeté sur l’écran : ce sera le film avec le patient-acteur confronté à sa phobie. Les dissociations successives opérées par le thérapeute ont un but protecteur vis-à-vis du patient. Le patient va pouvoir prendre du recul par rapport à une situation traumatisante et pourra ainsi modifier son regard, ses émotions face à cette situation. La technique du cinéma, technique de multi-dissociation, peut donc être facilement utilisée pour le traitement des phobies.
PATIENT EN MULTI-RÔLE ET PHOBIE SUR GRAND ÉCRAN
Nous allons détailler, étape par étape, le déroulé d’une séance utilisant cette technique du cinéma.
- Thérapeute : « Bonjour Monsieur J., comment allez-vous ?
- Patient : Très bien, merci, et surtout rassuré. Regardez, aujourd’hui je rentre dans votre cabinet, je ne me suis pas arrêté au seuil de la porte.
- Th. : C’est parfait, je vous laisse donc vous installer sur le fauteuil. Ce que fait le patient, avec une petite retenue...
- Th. : Comme nous l’avons évoqué lors de la première consultation au cabinet, aujourd’hui sera une séance sans soin, juste pour que vous soyez plus à l’aise et en confiance pour les séances futures.
Le patient acquiesce avec un geste de la tête.
- Th. : Nous avions discuté ensemble de la technique que nous allions partager lors de cette séance, séance que je vous avais expliquée. Avez-vous choisi votre cinéma ?
- P. : Oui, je prendrai celui de ma ville, celui où j’aime aller voir des films.
- Th. : Parfait, nous pouvons alors commencer, si vous êtes d’accord.
- P. : Oui.
- Th. : Monsieur J., je vous laisse vous installer confortablement dans mon fauteuil, prendre des repères, extérieurs, intérieurs, écouter le silence entre les bruits, observer les couleurs de ce mur prune et lorsque les yeux en auront besoin, laisser les paupières les recouvrir. Le thérapeute prend le temps de bien installer son patient. Une fois que celui-ci est en transe, le travail peut commencer.
- Th. : Monsieur J., vous êtes devant le cinéma de votre ville, le vôtre, celui dans lequel vous appréciez voir les films, surtout ceux en sortie nationale (ce que le patient avait dit lors du recueil). Je vous propose d’observer la façade, regarder les affiches, le granité du mur, les couleurs... la porte d’entrée... Voyez-vous cela ?
- P. : Oui.
- Th. : Je vous propose alors de laisser une partie de vous, à cet endroit, face à cette façade, tandis qu’une autre partie va entrer dans ce cinéma, juste à l’accueil, là où la personne vous vendra le billet qui permettra d’accéder à la salle. Cette personne est charmante et vous souhaite une bonne projection, un bon film. Le thérapeute laisse le temps au patient d’acquiescer à chaque étape et prend le temps….
Pour lire la suite...
SOPHIE- ISABELLE MARTIN
Docteure en chirurgie dentaire. Ancienne attachée en odontologie pédiatrique au CHRU de Rennes de 2000 à 2007. Formation initiale en hypnose en 2015 chez Emergences Rennes. Formatrice à l’Institut Emergences depuis 2018.
DAVID SIMON
Masseur-kinésithérapeute. Formé aux thérapies manuelles orientées étiopathie. Formateur en prévention en entreprises des troubles musculo-squelettiques méthode Pamal. Education thérapeutique du patient, 2016, INK. Depuis 2017, formations en Hypnose médicale auprès d’Emergences.
Pour que le spectateur profite pleinement, plusieurs personnes s’activent dans l’ombre. D’abord la personne qui vous accueille à l’entrée, celle à qui l’on règle sa place et qui nous donne le sésame pour pouvoir rentrer dans la salle. Il y a aussi le projectionniste, celui qui gère toute la partie technique de la salle : son, lumières et film.
Le choix du film sera également très important et un bon acteur est essentiel à une bonne histoire... La technique du cinéma utilisée en hypnose est une technique de multi-dissociation. Elle peut sembler difficile à mettre en oeuvre, cependant si on a bien compris les dissociations successives, elle peut être un outil très intéressant. Elle sera utilisée, en particulier, pour aider les patients phobiques. Lors de l’utilisation de cette technique, il ne faudra pas oublier d’utiliser tout ce que ces salles peuvent nous apporter pour stimuler tous les canaux sensoriels. N’oublions pas que le cinéma utilise beaucoup de codes de l’hypnose : illusions, divertissement... Tout cela pour générer des émotions chez le spectateur.
Après avoir identifié la phobie, le thérapeute propose à son patient cette technique d’hypnose qui lui permettra de surmonter ses craintes. Après accord de ce dernier, le thérapeute explique à son patient les tenants et aboutissants de cette technique avant de commencer la séance. Patient et thérapeute conviennent ensemble du film qui sera projeté sur l’écran : ce sera le film avec le patient-acteur confronté à sa phobie. Les dissociations successives opérées par le thérapeute ont un but protecteur vis-à-vis du patient. Le patient va pouvoir prendre du recul par rapport à une situation traumatisante et pourra ainsi modifier son regard, ses émotions face à cette situation. La technique du cinéma, technique de multi-dissociation, peut donc être facilement utilisée pour le traitement des phobies.
PATIENT EN MULTI-RÔLE ET PHOBIE SUR GRAND ÉCRAN
Nous allons détailler, étape par étape, le déroulé d’une séance utilisant cette technique du cinéma.
- Thérapeute : « Bonjour Monsieur J., comment allez-vous ?
- Patient : Très bien, merci, et surtout rassuré. Regardez, aujourd’hui je rentre dans votre cabinet, je ne me suis pas arrêté au seuil de la porte.
- Th. : C’est parfait, je vous laisse donc vous installer sur le fauteuil. Ce que fait le patient, avec une petite retenue...
- Th. : Comme nous l’avons évoqué lors de la première consultation au cabinet, aujourd’hui sera une séance sans soin, juste pour que vous soyez plus à l’aise et en confiance pour les séances futures.
Le patient acquiesce avec un geste de la tête.
- Th. : Nous avions discuté ensemble de la technique que nous allions partager lors de cette séance, séance que je vous avais expliquée. Avez-vous choisi votre cinéma ?
- P. : Oui, je prendrai celui de ma ville, celui où j’aime aller voir des films.
- Th. : Parfait, nous pouvons alors commencer, si vous êtes d’accord.
- P. : Oui.
- Th. : Monsieur J., je vous laisse vous installer confortablement dans mon fauteuil, prendre des repères, extérieurs, intérieurs, écouter le silence entre les bruits, observer les couleurs de ce mur prune et lorsque les yeux en auront besoin, laisser les paupières les recouvrir. Le thérapeute prend le temps de bien installer son patient. Une fois que celui-ci est en transe, le travail peut commencer.
- Th. : Monsieur J., vous êtes devant le cinéma de votre ville, le vôtre, celui dans lequel vous appréciez voir les films, surtout ceux en sortie nationale (ce que le patient avait dit lors du recueil). Je vous propose d’observer la façade, regarder les affiches, le granité du mur, les couleurs... la porte d’entrée... Voyez-vous cela ?
- P. : Oui.
- Th. : Je vous propose alors de laisser une partie de vous, à cet endroit, face à cette façade, tandis qu’une autre partie va entrer dans ce cinéma, juste à l’accueil, là où la personne vous vendra le billet qui permettra d’accéder à la salle. Cette personne est charmante et vous souhaite une bonne projection, un bon film. Le thérapeute laisse le temps au patient d’acquiescer à chaque étape et prend le temps….
Pour lire la suite...
SOPHIE- ISABELLE MARTIN
Docteure en chirurgie dentaire. Ancienne attachée en odontologie pédiatrique au CHRU de Rennes de 2000 à 2007. Formation initiale en hypnose en 2015 chez Emergences Rennes. Formatrice à l’Institut Emergences depuis 2018.
DAVID SIMON
Masseur-kinésithérapeute. Formé aux thérapies manuelles orientées étiopathie. Formateur en prévention en entreprises des troubles musculo-squelettiques méthode Pamal. Education thérapeutique du patient, 2016, INK. Depuis 2017, formations en Hypnose médicale auprès d’Emergences.
Commander la Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°65
N°65 : Mai, Juin, Juillet 2022
Sommaire de ce n°65 :
. Julien Betbèze, rédacteur en chef, éditorial : « Créer des liens »
. Jean-Marc Benhaiem nous invite à ne pas nous focaliser sur le symptôme mis en avant dans la demande thérapeutique : il s’agit plutôt de chercher à mobiliser l’énergie bloquée dans d’autres symptômes apparemment secondaires, et ainsi de désorganiser les rigidités pathologiques et amener le changement. Une clinique pleine de sagesse !
. Sophie Tournouër utilise le questionnement centré solution pour défaire les addictions sexuelles conjuguées à la prise de produits psychoactifs. Le déroulé du verbatim nous permet de saisir la logique interne aidant les individus à se libérer de cette pratique asservissante du « chemsex ».
. Mady Faucoup Gatineau nous prend par la main pour rencontrer Théo, un rebelle de 5 ans qui fait sa loi et sème la zizanie dans la famille. Nous découvrons l’utilité de la TLMR (thérapie du lien et des mondes relationnels) pour construire un cadre familial sécure dans lequel chacun va pouvoir retrouver sa place.
Dossier thématique : Histoires et métaphores
. Alicia Mangeot nous raconte des métaphores « sur mesure », favorisant ainsi des changements de comportement en rapport avec les intentions relationnelles des patients. Elle nous donne plusieurs exemples d’utilisation stratégique de métaphores (bibliothèque, cercles relationnels, mille-pattes) favorisant la coopération dans la séance, et la réalisation des tâches indirectement proposées.
. Virginie Serrière exprime une grande finesse dans son appropriation du questionnement narratif : à travers l’animation d’ateliers d’écriture, elle témoigne de la possibilité pour chacun de redevenir auteur de sa vie.
. Marie-Clotilde Wurz-de Baets nous montre sa créativité dans l’utilisation du langage métaphorique pour induire une transe de réassociation chez une jeune femme confuse après une rupture sentimentale.
. Espace douleur douceur
. Gérard Ostermann, éditorial : « Autour de la douleur »
. Stéphane Graf nous montre l’importance de ne pas se focaliser sur le symptôme mis en avant dans la plainte, mais d’intégrer la douleur dans l’unité corporelle.
. Stéphanie Delacour, dans un cas de dyspareunie, met aussi en évidence la pertinence de ne pas centrer la thérapie sur le symptôme, et de percevoir le lien entre la douleur et la rupture d’homéostasie. Grâce à sa prise en charge et à la remise en place de compétences émotionnelles et relationnelles, la patiente va retrouver une vie plus sécure avec une nouvelle relation à son corps.Dans cette période de sortie de la Covid, où les salles obscures se remplissent à nouveau,Sophie-Isabelle Martin et David Simon revisitent pour nous la technique de la salle de cinéma pour travailler avec des patients douloureux ayant très peu de protection. Les interactions sont très bien décrites, avec les multi-dissociations permettant de travailler en sécurité. Un exemple clinique illustre cette pratique avec pédagogie pour que chacun puisse s’approprier cette technique.
. Sophie Cohen expose un cas de bruxisme lié à des croyances limitantes autour des combats de la vie. Après une régression en âge, la patiente pourra retrouver son regard émerveillé de petite fille devant la photo d’une forêt et retrouver ainsi calme intérieur et détente.
. Christine Allary nous emmène en mission humanitaire et nous fait partager la conduite d’une séance d’hypnose faite en traduction simultanée avec le chirurgien. Elle décrit avec précision les effets de cette technique novatrice et fédératrice pour les participants.
. Serge Sirvain décrit une situation clinique émouvante dans laquelle il est amené à mettre en place une sédation terminale chez une patiente de 93 ans atteinte d’une tumeur digestive invasive. Il explique comment la position de non-savoir et l’imaginaire partagé autour d’une métaphore culinaire vont accompagner un endormissement terminal apaisé et en relation.
Et nos rubriques
. Nicolas D’Inca : culture monde « Une perceptude venue du désert ».
. Adrian Chaboche : Les champs du possible « Un lâcher de ballon bien étrange ».
. Sophie Cohen, nouvelle rubrique : bonjour et après « Clémentine et la chaleur qui fait fondre la plaque ».
. Stefano Colombo et Muhuc : Quiproquo… « Métaphores »
Sommaire de ce n°65 :
. Julien Betbèze, rédacteur en chef, éditorial : « Créer des liens »
. Jean-Marc Benhaiem nous invite à ne pas nous focaliser sur le symptôme mis en avant dans la demande thérapeutique : il s’agit plutôt de chercher à mobiliser l’énergie bloquée dans d’autres symptômes apparemment secondaires, et ainsi de désorganiser les rigidités pathologiques et amener le changement. Une clinique pleine de sagesse !
. Sophie Tournouër utilise le questionnement centré solution pour défaire les addictions sexuelles conjuguées à la prise de produits psychoactifs. Le déroulé du verbatim nous permet de saisir la logique interne aidant les individus à se libérer de cette pratique asservissante du « chemsex ».
. Mady Faucoup Gatineau nous prend par la main pour rencontrer Théo, un rebelle de 5 ans qui fait sa loi et sème la zizanie dans la famille. Nous découvrons l’utilité de la TLMR (thérapie du lien et des mondes relationnels) pour construire un cadre familial sécure dans lequel chacun va pouvoir retrouver sa place.
Dossier thématique : Histoires et métaphores
. Alicia Mangeot nous raconte des métaphores « sur mesure », favorisant ainsi des changements de comportement en rapport avec les intentions relationnelles des patients. Elle nous donne plusieurs exemples d’utilisation stratégique de métaphores (bibliothèque, cercles relationnels, mille-pattes) favorisant la coopération dans la séance, et la réalisation des tâches indirectement proposées.
. Virginie Serrière exprime une grande finesse dans son appropriation du questionnement narratif : à travers l’animation d’ateliers d’écriture, elle témoigne de la possibilité pour chacun de redevenir auteur de sa vie.
. Marie-Clotilde Wurz-de Baets nous montre sa créativité dans l’utilisation du langage métaphorique pour induire une transe de réassociation chez une jeune femme confuse après une rupture sentimentale.
. Espace douleur douceur
. Gérard Ostermann, éditorial : « Autour de la douleur »
. Stéphane Graf nous montre l’importance de ne pas se focaliser sur le symptôme mis en avant dans la plainte, mais d’intégrer la douleur dans l’unité corporelle.
. Stéphanie Delacour, dans un cas de dyspareunie, met aussi en évidence la pertinence de ne pas centrer la thérapie sur le symptôme, et de percevoir le lien entre la douleur et la rupture d’homéostasie. Grâce à sa prise en charge et à la remise en place de compétences émotionnelles et relationnelles, la patiente va retrouver une vie plus sécure avec une nouvelle relation à son corps.Dans cette période de sortie de la Covid, où les salles obscures se remplissent à nouveau,Sophie-Isabelle Martin et David Simon revisitent pour nous la technique de la salle de cinéma pour travailler avec des patients douloureux ayant très peu de protection. Les interactions sont très bien décrites, avec les multi-dissociations permettant de travailler en sécurité. Un exemple clinique illustre cette pratique avec pédagogie pour que chacun puisse s’approprier cette technique.
. Sophie Cohen expose un cas de bruxisme lié à des croyances limitantes autour des combats de la vie. Après une régression en âge, la patiente pourra retrouver son regard émerveillé de petite fille devant la photo d’une forêt et retrouver ainsi calme intérieur et détente.
. Christine Allary nous emmène en mission humanitaire et nous fait partager la conduite d’une séance d’hypnose faite en traduction simultanée avec le chirurgien. Elle décrit avec précision les effets de cette technique novatrice et fédératrice pour les participants.
. Serge Sirvain décrit une situation clinique émouvante dans laquelle il est amené à mettre en place une sédation terminale chez une patiente de 93 ans atteinte d’une tumeur digestive invasive. Il explique comment la position de non-savoir et l’imaginaire partagé autour d’une métaphore culinaire vont accompagner un endormissement terminal apaisé et en relation.
Et nos rubriques
. Nicolas D’Inca : culture monde « Une perceptude venue du désert ».
. Adrian Chaboche : Les champs du possible « Un lâcher de ballon bien étrange ».
. Sophie Cohen, nouvelle rubrique : bonjour et après « Clémentine et la chaleur qui fait fondre la plaque ».
. Stefano Colombo et Muhuc : Quiproquo… « Métaphores »