La révolution de l’hypnose Pr Marie-Elisabeth Faymonville et Pr Antoine Bioy
Longtemps considérée comme une pratique relevant de la magie, voire de l’occultisme, l’hypnose est aujourd’hui couramment utilisée par de nombreux professionnels de la santé, qui reconnaissent ses innombrables effets bénéfiques. Mais peut-on tout guérir avec l’hypnose ? Comment ça marche ? À qui faut-il s’adresser ? Est-il possible de s’autohypnotiser ?
Antoine Bioy, psychologue clinicien, et Marie-Elisabeth Faymonville, médecin spécialisée dans le traitement de la douleur, répondent ici à ces questions et à bien d’autres et vous donnent les clés pour vous familiariser avec cette discipline en plein essor.
Antoine Bioy, psychologue clinicien, et Marie-Elisabeth Faymonville, médecin spécialisée dans le traitement de la douleur, répondent ici à ces questions et à bien d’autres et vous donnent les clés pour vous familiariser avec cette discipline en plein essor.
«L’hypnosédation peut permettre d’éviter l’anesthésie générale»
INTERVIEW - Selon le Pr Marie-Elisabeth Faymonville, la technique d’hypnosédation, qui plonge le patient dans un état de dissociation mentale, permet de récupérer plus vite qu’une anesthésie classique.
Par Anne Prigent - Le Figaro
LE FIGARO. - En quoi consiste l’hypnosédation?
Pr Marie-Elisabeth Faymonville. C’est une technique d’anesthésie qui combine l’hypnose avec une sédation consciente, c’est-à-dire l’administration d’un calmant. Le patient, sous hypnose, reste conscient et le chirurgien réalise une anesthésie locale de la région à opérer. L’hypnose va permettre au patient de faire abstraction de ce qui se passe autour de lui. Il est en état de conscience modifié: il voit, sent, bouge dans son monde intérieur. Le patient expérimente alors la dissociation: il est physiquement présent dans un endroit et mentalement complètement absent. C’est cet état qui lui permet de rester confortable au cours de la chirurgie. En cas de besoin, si certaines sensations deviennent inconfortables, on lui administre un peu d’antidouleur supplémentaire. Cette technique permet d’éviter l’anesthésie générale qui plonge le patient dans un coma pharmacologique. Ainsi, les patients récupèrent plus vite.
Sait-on ce qui se passe à ce moment-là dans le cerveau?
Grâce aux outils de neuro-imagerie fonctionnelle, nous avons pu montrer que l’hypnose a la capacité de modifier le fonctionnement du cerveau. Par exemple, lorsque vous pensez à vos vacances de 2019, votre cerveau fait appel à votre imagerie mentale autobiographique. Mais si vous faites la même chose en état d’hypnose, vous allez vivre ces vacances. Ce qui se traduit par une activité du cerveau au niveau de la région des sensations, des émotions et de la motricité. C’est exactement comme si vous bougiez et ressentiez les choses alors que vous êtes immobile, les yeux fermés. Ceci démontre l’effet puissant de l’hypnose qui permet de s’extraire d’une réalité pour rejoindre une réalité «hallucinée». D’autres études ont montré que l’hypnose modifiait la façon dont on perçoit la douleur. Ainsi, des volontaires à qui on administre une douleur type brûlure ressentent nettement moins cette douleur lorsqu’ils sont en hypnose et la réaction de leur cerveau est très différente par rapport aux personnes en conscience «habituelle». En effet, les régions liées à la douleur sont nettement moins actives et la connexion entre les différentes régions est modifiée.
Existe-t-il des profils de patients plus sensibles que d’autres à l’hypnose?
L’hypnose est une capacité innée que chacun possède. Toute personne soumise à un stress intense utilise cette capacité à s’extraire de la réalité. L’hypnose médicale va aider celui qui est demandeur à activer cette capacité, ce talent, à aller vers un état de conscience modifié. Il existe des virtuoses de l’hypnose et des apprentis, mais chaque individu peut utiliser l’hypnose. Mais pour réaliser une chirurgie sous hypnosédation, il faut être motivé et en confiance avec l’équipe chirurgicale pour collaborer avec l’anesthésiste formé aux techniques hypnotiques.
Le patient expérimente la dissociation : il est physiquement présent dans un endroit et mentalement complètement absent. C’est cet état qui lui permet de rester confortable au cours de la chirurgie.
Pr Marie-Elisabeth Faymonville
Tous les types de chirurgie sont-ils éligibles à l’hypnose?
Non. La chirurgie abdominale importante (comme la péritonite par exemple), la chirurgie thoracique ou encore une prothèse totale de hanche ou de genou ne peuvent pas être réalisées sous hypnosédation. Certains types de chirurgies nécessitent une anesthésie générale ou loco-régionale pour garantir le confort du patient.
Par Anne Prigent - Le Figaro
LE FIGARO. - En quoi consiste l’hypnosédation?
Pr Marie-Elisabeth Faymonville. C’est une technique d’anesthésie qui combine l’hypnose avec une sédation consciente, c’est-à-dire l’administration d’un calmant. Le patient, sous hypnose, reste conscient et le chirurgien réalise une anesthésie locale de la région à opérer. L’hypnose va permettre au patient de faire abstraction de ce qui se passe autour de lui. Il est en état de conscience modifié: il voit, sent, bouge dans son monde intérieur. Le patient expérimente alors la dissociation: il est physiquement présent dans un endroit et mentalement complètement absent. C’est cet état qui lui permet de rester confortable au cours de la chirurgie. En cas de besoin, si certaines sensations deviennent inconfortables, on lui administre un peu d’antidouleur supplémentaire. Cette technique permet d’éviter l’anesthésie générale qui plonge le patient dans un coma pharmacologique. Ainsi, les patients récupèrent plus vite.
Sait-on ce qui se passe à ce moment-là dans le cerveau?
Grâce aux outils de neuro-imagerie fonctionnelle, nous avons pu montrer que l’hypnose a la capacité de modifier le fonctionnement du cerveau. Par exemple, lorsque vous pensez à vos vacances de 2019, votre cerveau fait appel à votre imagerie mentale autobiographique. Mais si vous faites la même chose en état d’hypnose, vous allez vivre ces vacances. Ce qui se traduit par une activité du cerveau au niveau de la région des sensations, des émotions et de la motricité. C’est exactement comme si vous bougiez et ressentiez les choses alors que vous êtes immobile, les yeux fermés. Ceci démontre l’effet puissant de l’hypnose qui permet de s’extraire d’une réalité pour rejoindre une réalité «hallucinée». D’autres études ont montré que l’hypnose modifiait la façon dont on perçoit la douleur. Ainsi, des volontaires à qui on administre une douleur type brûlure ressentent nettement moins cette douleur lorsqu’ils sont en hypnose et la réaction de leur cerveau est très différente par rapport aux personnes en conscience «habituelle». En effet, les régions liées à la douleur sont nettement moins actives et la connexion entre les différentes régions est modifiée.
Existe-t-il des profils de patients plus sensibles que d’autres à l’hypnose?
L’hypnose est une capacité innée que chacun possède. Toute personne soumise à un stress intense utilise cette capacité à s’extraire de la réalité. L’hypnose médicale va aider celui qui est demandeur à activer cette capacité, ce talent, à aller vers un état de conscience modifié. Il existe des virtuoses de l’hypnose et des apprentis, mais chaque individu peut utiliser l’hypnose. Mais pour réaliser une chirurgie sous hypnosédation, il faut être motivé et en confiance avec l’équipe chirurgicale pour collaborer avec l’anesthésiste formé aux techniques hypnotiques.
Le patient expérimente la dissociation : il est physiquement présent dans un endroit et mentalement complètement absent. C’est cet état qui lui permet de rester confortable au cours de la chirurgie.
Pr Marie-Elisabeth Faymonville
Tous les types de chirurgie sont-ils éligibles à l’hypnose?
Non. La chirurgie abdominale importante (comme la péritonite par exemple), la chirurgie thoracique ou encore une prothèse totale de hanche ou de genou ne peuvent pas être réalisées sous hypnosédation. Certains types de chirurgies nécessitent une anesthésie générale ou loco-régionale pour garantir le confort du patient.